Les communes françaises sont-elles trop endettées ?

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11 septembre 2014
Selon le classement annuel publié par le Journal du Net, l’endettement des communes françaises aurait progressé de 2,3 % en un an, et de 20 % en 10 ans. Des chiffres inquiétants au demeurant, mais qui sont à relativiser.  
 

Les villes françaises jetteraient-elles les deniers des contribuables par les fenêtres ? À en croire le classement publié par le Journal du Net le 26 septembre dernier, la réponse ne fait pas l’ombre d’un doute. Les montants de dette par habitant, critère pris en compte pour le classement, sont même déconcertants. La commune de Vaujany dans l’Isère, qui caracole en tête du palmarès, atteste d’un endettement record de 145 024 € par habitant. En tout, les 36 000 communes que compte l’Hexagone ont creusé à elles seules un déficit de 60,7 Md€.

L’endettement, une étape quasi inévitable

Cependant si l’on y regarde de plus près, avant de les reléguer au facile rang de gaspilleuses et dépensières, on s’aperçoit que les communes françaises n’ont pas d’autres recours que de se constituer une dette. Cela relève même d’un besoin. « Contrairement à un bon père de famille, une collectivité n’a pas trop le choix », explique Fabien Goffi, associé en charge du secteur public local au sein du cabinet d’audit et de conseil PwC, « le mécanisme de dette fait partie de la gestion publique. Au titre de ses missions, une ville a des obligations à remplir, dont la réalisation dépasse parfois le montant des recettes dont elle dispose ». Ces impératifs peuvent prendre diverses formes : soutien aux habitants sinistrés en cas d’intempéries graves, ouverture de crèches, rénovation et mise en sécurité de bâtiments, investissement dans d’importantes infrastructures… Il n’est donc pas étonnant de découvrir que, sur les dix communes les plus endettées, huit possèdent un domaine skiable qui nécessite un entretien régulier et coûteux. De plus, ces villes affichent une faible population administrative et une forte proportion de résidences secondaires. « Ces genres de villes ont des considérations liées à la saisonnalité et à l’attractivité de leur territoire. Il faut qu’elles aient la capacité d’accueillir un flux conséquent de touristes » précise l’associé de chez PwC.

L’amalgame entre endettement et mauvaise gestion financière

Certes, toutes les façons de siéger dans sa ville ne sont pas louables et respectables. « Il ne faut pas se leurrer, certains élus partent dans des investissements inconsidérés qui servent plus leur propre politique plutôt que la politique commune » témoigne Fabien Goffi. Néanmoins, tous les modes opératoires ne sont pas non plus critiquables. Endettement ne dissimule pas automatiquement en filigrane une mauvaise gestion financière de sa commune.

Certaines villes, réunies en structures intercommunales, doivent par exemple supporter la quasi majorité des investissements des communes auxquelles elles sont liées (travaux de voirie, centres sportifs…). Charges qui pèsent inévitablement au sein d’un budget. Avec un encours de dette moyen de 1 213 € par habitant, le classement du Journal du Net tendrait à dépeindre une situation des villes françaises relativement alarmante. Et pourtant, en dépit de la véracité des données qu’il dévoile (compilées par la direction générale des Finances publiques du ministère de l’Économie et des Finances), le constat qu’il dresse est à prendre avec des pincettes. Car seul le paramètre de la dette par habitant a été étudié. « À partir du moment où vous ne prenez qu’un seul ratio et que vous développez une analyse dessus, vous êtes quasiment sûr de vous tromper. Il faut en croiser plusieurs. Une ville peut tout à fait avoir une dette par habitant élevée mais avec une forte capacité de désendettement (Cf. encadré sur Cergy), et inversement, certaines villes vont avoir 300 € de dette par habitant mais vont mettre 10 ans à rembourser. Il faut tout prendre en compte pour établir un classement solide » conclut Fabien Goffi.

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Question :
Un maire, donc OPJ, peut-il l’être en dehors de sa commune ?
Réponses :
Non, il est élu OPJ sur sa commune.
Tous les pouvoirs du Maire en tant que représentant de l'Etat ne lui sont octroyés que sur son territoire.
Non uniquement dans la commune où il est élu maire.

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