Les collectivités territoriales face au défi de l’éducation numérique

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16 mars 2016

Les politiques numériques éducatives des collectivités sont aujourd’hui à des niveaux de maturité différents.

 

Les collectivités élaborent des stratégies de politique numérique assez différentes, selon leur connaissance des enjeux, le niveau de priorité qu’elles y accordent, ou leur champ de contrainte budgétaire. Il peut s’agir de financer des équipements à la demande ou selon un plan défini, global et homogène. Le taux et le type d’équipement peuvent varier de quelques salles informatiques, d’un ordinateur et d’un vidéoprojecteur par enseignant, à des matériels plus innovants comme le VPI (Vidéo Projecteur Interactif), les tablettes et/ou classes mobiles. Plus rares, certaines collectivités font déjà le pari de l’équipement individuel de l’élève dès la 6e, afin d’équiper également les familles et soutenir ainsi l’inclusion numérique.

A l’élaboration de ces stratégies, les collectivités n’ont pas toujours connaissance des besoins des membres de la communauté éducative et des usages qui sont faits des équipements numériques qu’elles financent. La mise en place d’une gouvernance collaborative  comprenant la collectivité et les instances de l’Education Nationale sur ce sujet offre la possibilité d’améliorer la pertinence des décisions et d’aligner les investissements aux usages et objectifs pédagogiques, dans le cadre des champs de responsabilité respectifs.

La maintenance et la fréquence de renouvellement inégale (de 4 à 10 ans) des équipements constituent un autre chantier complexe à gérer pour la collectivité. Une obsolescence variable des équipements influence directement l’utilisation ou la non utilisation des équipements : bug, impossibilité de lancer plusieurs activités en parallèle, visionnage ralenti des vidéos, etc. sont autant de problèmes rencontrés par les utilisateurs, qui peuvent être démotivés et se détourner de certains équipements.  Les politiques d’assistance et de maintenance peuvent s’avérer difficiles à mettre en place et à gérer selon l’état et le degré d’hétérogénéité du parc informatique (avec par exemple différents systèmes d’exploitation). L’effet le plus préjudiciable en est le recours à des techniciens toujours plus nombreux, occasionnant un réel impact budgétaire.

Un véritable enjeu existe ainsi pour les collectivités à assurer leur mission de développement du numérique dans un cadre de financement maîtrisé et optimisé.

 

Un « tsunami numérique » qui doit être soutenu et accompagné

Le vaste plan numérique annoncé en mai de l’année dernière par le Président de la République prévoit notamment un équipement individuel mobile pour chaque élève de 5e à la rentrée 2016. De quoi parle-t-on ? Selon le Cadre de Référence pour l’Accès aux Ressources pédagogiques via un équipement Mobile (CARMO) du Ministère de l’Education Nationale, il s’agit de « terminal informatique individuel répondant à des besoins d’usages nomades ». Cela laisse donc la porte ouverte à différents choix comme les ordinateurs portables, tablettes et hybrides, qui présentent des usages différents suivants les contextes et affinités des utilisateurs.

Le choix du système d’exploitation (iOS, Android, Windows) n’est pas non plus neutre, puisqu’il permet des usages avec des ressources pédagogiques mobiles plus ou moins développées. Cet équipement doit également être compatible et cohérent avec le reste du parc informatique présent dans les établissements pour une meilleure fluidité des usages.

S’il faut évidemment permettre aux utilisateurs les plus curieux et moteurs d’essayer de mettre en place de nouveaux cas d’usages, il est important de ne pas déstabiliser les usages en place de la majorité des utilisateurs. Le « tsunami numérique » qui se déroule actuellement dans le milieu pédagogique doit être soutenu, pour une diffusion générale des pratiques numériques quels que soient la matière ou le profil des enseignants, mais encadré. Une rupture via un changement de type d’équipement ou de système d’exploitation pourrait aujourd’hui déstabiliser cette dynamique globale et tous les efforts consentis pour la créer. Les échanges avec les membres de la communauté éducative permettent d’identifier plus clairement les réalités du terrain.

 

Le numérique comme outil au service de la pédagogie, et non l’inverse

Quel que soit son futur métier, l’étudiant devra utiliser les outils numériques. Permettre aux futurs professionnels de les appréhender, de créer de la valeur, et ainsi rendre les élèves plus employables sur le marché du travail... est indéniablement une mission  du ressort de l’Education Nationale.

A l’heure actuelle, difficile de mesurer l’impact du numérique sur les résultats de l’école et le niveau des élèves. En effet, le recul sur ce sujet est faible. Il faudra encore quelques années, des études menées sur des cohortes représentatives et des évaluations de politique publique dans les collectivités et les académies, pour tirer des conclusions. Toutefois, le numérique peut être un renfort de poids pour soutenir la réussite des élèves. Ainsi, dans des établissements qui reçoivent des populations plutôt défavorisées, travailler sur un ordinateur au sein d’une classe pupitre permet de focaliser l’attention d’élèves beaucoup plus dispersés et désintéressés par une pédagogie plus classique. Plus attentifs et réceptifs au contenu exposé par le professeur, ils comprennent et retiennent mieux. Par ailleurs, proposer des outils numériques permet de moderniser le cadre scolaire et proposer des  approches innovantes, pour réduire le retard avec les usages faits à titre privé en dehors de la classe par les élèves.

Pour permettre cela, la collectivité doit proposer des équipements fonctionnels qui maximisent l’expérience positive des élèves et des professeurs, une assistance pédagogique et technique compétente et de proximité, du haut débit et du wifi pour faire émerger les nouveaux usages.

Le défi pour les collectivités est donc de réussir à conjuguer qualité de service, économies budgétaires et mise en œuvre rapide pour répondre aux attentes des citoyens d’aujourd’hui et de demain.

 

 

Par Alexandra Boyer, Consultante Senior au sein de l’offre « Territoires & Numérique » du cabinet de conseil Beijaflore

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