Les baigneurs : en partie responsables de la dégradation de la qualité de l’eau et de l’air dans les piscines

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31 août 2013

Entretien avec Alcime LE GUENNIC
Ingénieur d'études sanitaires à l'ARS Pays de la Loire

Quels sont les facteurs de dégradation de la qualité de l’eau et de l’air dans les piscines ?
Les baigneurs, peu respectueux des règles d’hygiène, sont en partie responsables de la dégradation de la qualité de l’eau et de l’air. Une réaction chimique se produit lorsque la matière organique apportée par les baigneurs entre en contact avec le chlore, générant, des composés chlorés dont les chloramines. Ces substances volatiles sont irritantes pour les baigneurs et les personnels des piscines. Les non‐baigneurs chaussés sur les plages réservées aux baigneurs, des produits de nettoyage des sols mal rincés ou un traitement de l’eau mal maîtrisé sont également autant de nouvelles sources de contamination de l’eau.

Il est important de mettre en place une communication pour que les règles d’hygiène soient respectées. La pollution introduite par les baigneurs sera ainsi limitée et les traitements chimiques utilisés seront d’autant moins importants.

Les traitements de l’eau utilisés dans les piscines publiques sont-ils les garants d’une eau saine ?
La désinfection des eaux de piscine est très réglementée. Toutes les heures et demie, l’eau d’un bassin est recyclée en totalité et subit deux traitements majeurs : un traitement physique par filtration sur matériau poreux (sable ou billes de verre) qui retient les matières en suspension. L’eau devient ainsi parfaitement limpide. Les pollutions dissoutes et les germes (virus, bactéries, parasites) seront éliminés grâce à un désinfectant qui supprimera tout phénomène de prolifération. L’eau doit donc être désinfectée mais être également légèrement désinfectante pour détruire rapidement la contamination éventuelle, dès qu’elle est introduite dans le bassin par des baigneurs.

La désinfection au chlore (liquide, solide, gazeux ou stabilisés) est le procédé le plus couramment utilisé. La désinfection au brome est encore autorisée mais le brome liquide n’est plus fabriqué en France. Très efficace, le traitement à l’ozone tend à se répandre en France. C’est un puissant désinfectant sous forme de gaz, produit sur place, injecté dans une bâche de stockage à proximité du bassin. Après ozonation, il est toutefois indispensable d’adjoindre à cette eau désinfectée une infime quantité de chlore pour que l’eau de la piscine conserve son caractère désinfectant pour éviter toute prolifération de bactéries. Les piscines traitées à l’ozone présentent une excellente qualité de l’eau et produisent moins de composés chlorés. Le traitement est cependant plus compliqué à mettre en oeuvre et requiert un personnel averti ainsi qu’un suivi très rigoureux.

Economiser l’eau à la piscine devient aujourd’hui un enjeu financier et environnemental important pour leurs gestionnaires et de multiples expériences sont menées depuis quelques années. A titre d’exemple, citons la Communauté de Communes de Pornic en Loire‐Atlantique qui traite les eaux de lavage des filtres, par ultrafiltration, pour les réutiliser pour laver à nouveau les filtres.

Les gestionnaires doivent tout mettre en oeuvre pour éviter la génération de composés chlorés, garantir une meilleure hygiène des baigneurs et un bon traitement de l’eau. Mieux vaut prévenir que guérir.

Quel est le rôle des agences régionales de santé?
Le contrôle exercé par les Agences régionales de santé (ARS) sur les piscines ouvertes au public a pour but de vérifier la mise en place et le bon fonctionnement de l’ensemble des dispositifs destinés à réduire les risques sanitaires. Des prélèvements et analyses d’eau sont effectués une fois par mois et une visite complète des installations une fois par an. En cas d’anomalie, des mesures immédiates sont prises. Elles vont de la fermeture provisoire de l’établissement à la fermeture administrative pour des cas graves. La région Pays de la Loire compte 5 départements, 857 piscines publiques et privées déclarées, notamment sur le littoral. Sur 6 481 prélèvements effectués sur la région en 2012, 2 367 anomalies ont été répertoriées. La grande majorité des anomalies concernent les piscines saisonnières. Elles sont liées essentiellement à une insuffisance de suivi du traitement de l’eau par leur gestionnaire et aux très fortes fréquentations de ces piscines situées en zones touristiques.

Dans tous les cas, les résultats sont transmis à la collectivité pour affichage. Pour ce qui nous concerne, en région des Pays de la Loire, les bulletins correspondant aux derniers contrôles réalisés avec un historique d’un an environ, sont accessibles en ligne grâce à une recherche par commune, puis par établissement. Ces résultats doivent aussi être affichés dans les piscines pour la bonne information des usagers. Afin de faciliter la compréhension des interprétations sanitaires, une grille de lecture de ces bulletins est également disponible.

Notre mission, à l’ARS, consiste à contrôler attentivement « le bon fonctionnement des piscines » mais également à conseiller et accompagner les collectivités publiques dans leur mission de mise à disposition de leurs clients d’infrastructures de qualité qui préservent la santé des usagers. Ces collectivités peuvent nous associer à leurs projets de rénovation ou de construction de piscines. Nous constatons également, d’une manière générale, une carence dans la formation du personnel, et en particulier pour les structures saisonnières. Pour pallier à ces insuffisances, nous avons mis en place, sur notre région, des sessions de formation pour tous les personnels qui interviennent dans les piscines, qu’ils soient maîtres nageurs ou techniciens chargés du traitement de l’eau. Tous les étés, avant la saison, nous leur rappelons les protocoles à mettre en place pour que leur établissement réponde aux exigences de la réglementation sanitaire.

Plus les actions préventives sont efficaces, moins les traitements seront forts. Nous encourageons les professionnels à aller vers les solutions les plus douces et les moins agressives possibles avec toujours cette idée d’économies d’eau, de développement durable. Le point central restant la bonne santé des usagers.

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Réponses :
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Non uniquement dans la commune où il est élu maire.

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