Depuis le mois de janvier, les agents municipaux de la ville de Poissy peuvent bénéficier gratuitement d’activités sportives sur leur temps de travail. Un dispositif novateur et inédit en France.
Le sport c’est la santé » affirme Karl Olive, maire de la ville depuis 2014, qui avoue commencer ses journées par une séance de sport. Dès le début de sa mandature, il convie les habitants de Poissy à venir courir une heure en forêt tous les samedis matin. Un dispositif baptisé « Cavalcade » qui rassemble jusqu’à 120 participants. Cet ancien sportif a également souhaité introduire dans sa ville des moments de bien-être pour ses agents. « Nous avons travaillé durant sept mois sur le dispositif. Nous avons réuni tous les partenaires autour de la table : l’assurance maladie, la médecine préventive, les représentants syndicaux auxquels nous avons soumis l’idée de mettre en place un centre de formation public interne, pour que nos agents puissent, sur la base du volontariat, bénéficier de deux heures de pratique sportive par semaine », explique le maire. Le conseil municipal a validé le projet à l’unanimité. Les activités ont été approuvées par la médecine préventive. Marche nordique, marche, natation, aquagym, aquajogging et gymnastique d’entretien : ces six activités, pratiques douces et non traumatisantes, sont proposées sur sept créneaux horaires depuis 3 mois. Pour y participer, l’agent fait part de son intérêt à son chef de service qui valide la demande. Une fois inscrit pour une dizaine de séances, il doit alors présenter un certificat médical et émarger à son arrivée sur le site de l’activité, puis à son départ. « Plus de 70 % des agents estiment qu’il s’agit d’une formidable initiative. Ils ne se connaissent pas forcément entre eux. Or, certaines activités peuvent accueillir jusqu’à huit services différents. C’est un outil de cohésion sociale, sans hiérarchie ni protocole, un moment pour se détendre et s’oxygéner », ajoute le maire. Les activités ont lieu sur les installations sportives municipales ou en forêt domaniale et sont encadrées par des éducateurs sportifs de la ville de Poissy diplômés d’État. D’où un impact financier quasiment nul pour le budget de la ville. Les activités peuvent accueillir jusqu’à 350 agents par semaine. 200 agents y participent actuellement, un bon début selon le maire, avec une gent féminine qui représente près de 60 % des participants. Cette opération n’en est pas moins pédagogique puisqu’à l’issue de chaque cycle d’activités, une conférence sera donnée par un organisme d’assurance maladie qui interviendra avec l’ensemble des agents pour prodiguer des conseils sur les bonnes habitudes et les bons réflexes en matière de santé. Ce dispositif mis en place pour une période probatoire de trois ans est l’un des leviers choisis par la ville pour améliorer les conditions de travail des agents et faire baisser le taux d’absentéisme. Dès 2014, un poste d’agent de liaison a été créé, une personne à l’écoute du terrain, pour faire l’interface entre la direction générale des services et les agents. « Toujours dans le cadre de l’amélioration des conditions de travail des agents, nous avons mis en place un entretien de retour après un arrêt de travail. Ainsi, l’agent est entendu par son chef de service avant de reprendre le travail. Il s’agit pour nous de déceler une pathologie indirecte liée à son poste ou une souffrance par rapport à son travail », raconte Karl Olive. Une mesure décriée par certains, mais qui, selon le maire, a contribué à améliorer les conditions de travail et permis une stabilisation des absences du personnel. « Les absences représentaient 20,5 jours par agent et par an, elles sont aujourd’hui à 20 jours », explique-t-il. L’absentéisme pèse fortement sur le budget de la commune. « Si on arrive à diminuer l’absentéisme ne serait-ce que d’une journée, ce sont 150 000 euros par an d’économisés à l’échelle de la ville. Soit 5 postes à temps plein », ajoute le maire. En prévenant l’absentéisme, la ville a trouvé un moyen de réaliser une économie de 12 % sur son budget de fonctionnement. « Nous n’avons pas le choix avec les baisses de dotations de l’État. Nous ne souhaitons pas augmenter les impôts, nous voulons conserver le même niveau de prestation au public et le même niveau d’investissement. Nous pouvons le faire et ce n’est pas simplement la volonté des élus. Les agents ont bien compris que nous étions dans le cadre d’un accord gagnant-gagnant. Mes agents font un travail remarquable et je pense qu’il faut savoir quelquefois lever la soupape. Nous avons mis l’humain au cœur de l’organisation. Cela me paraît important ». Karl Olive se décrit comme un maire pragmatique. À son arrivée aux commandes de la ville, un audit avait pointé du doigt un excédent d’agents municipaux. De 1053 en 2014, le nombre d’agents est passé à 853. « Le bon sens est de faire en sorte que mes administrés me disent merci d’avoir fait des économies et de ne pas augmenter la DR pression fiscale. Mes agents me disent eux aussi merci de leur offrir des conditions de travail agréable. Lorsqu’on a la possibilité d’améliorer les choses, il faut le faire. Nous devons être des élus responsables. Chacun, à son niveau, doit montrer l’exemple. La restructuration des finances publiques passe par la bonne gestion des villes, mais aussi par une meilleure utilisation de la couverture maladie et une réduction de l’absentéisme », analyse le maire. Modestement, Poissy tente de montrer l’exemple.
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