Le département du Loiret a fortement été touché par les inondations de juin 2016. L’Assemblée départementale propose un fonds d’urgence pour les sinistrés loirétains et un dispositif d’aides pour les 234 communes loirétaines déclarées en état de catastrophe naturelle par l’Etat le 9 juin 2016. Entretien avec Hugues Saury, président du conseil départemental.
Quelle a été l’ampleur des dégâts causés par les inondations dans le Loiret ?
Le bilan risque de prendre du temps, d’autant plus que certains dégâts ne seront visibles qu’au fil du temps, je pense notamment à la voirie. Nous avons noté une particularité liée à ces inondations : pratiquement tous les territoires du Loiret ont été touchés. Les crues telles qu’elles ont eu lieu n’avaient pas été véritablement prévues. Les dégâts sont considérables. De petites rivières souterraines dont on avait perdu mémoire ont surgi et inondé des zones entières. Beaucoup de biens et d’habitations ont été inondés. Les dégâts se chiffrent en millions d’euros. Ils ont été nombreux sur la voirie, avec des ponts balayés par les flots, dans les bâtiments et équipements publics.
Avez-vous une culture du risque dans votre département ? comment s’est-elle manifestée ?
Notre département étant traversé par la Loire, nous avons en effet une certaine forme de culture du risque. Cependant, on ne peut jamais tout prévoir. Un exemple, la carte des zones inondées est quasiment l’inverse de celle des zones inondables. Les communes du département et notamment celles de l’axe ligérien avaient réalisé des documents d’information et de communication ainsi que des plans communaux de sauvegarde. Elles avaient pris l’habitude de travailler avec les départements et la préfecture, pour prévenir d’éventuelles inondations. Les réflexes des procédures ont été retrouvés très vite et mis en pratique. Les collectivités, les pompiers, la gendarmerie et les services de police ont pu se mettre en ordre de marche très rapidement. C’est le point positif. La réactivité des services publics et leur bonne organisation ont bien fonctionné. De même, il y a eu une solidarité remarquable entre les habitants.
Avez-vous déjà songé à des améliorations pour qu’à l’avenir une telle situation soit moins impactante pour le territoire ?
Nous avons identifié plusieurs axes de travail. Le premier : continuer à maintenir cette culture du risque et, surtout, à former des élus dont une partie change à chaque échéance électorale. C’est très important, notamment dans les petites communes dont les représentants ne peuvent s’appuyer sur des services dédiés. Nous devons continuer à informer des risques et faire en sorte que les collectivités territoriales se préparent à ces risques.
D’une manière plus spécifique, nous nous sommes aperçus qu’il nous manquait un outil fondamental alors que plus de 150 points du réseau routier départemental étaient inondés. Un outil qui nous signalerait en temps réel les zones praticables en cas d’inondation. Nous allons travailler avec des start-up locales, à la création d’un GPS qui permet d’avoir cette vision précise des cheminements. Par ailleurs, nous avons remarqué que certaines voies n’étaient praticables que par certains types de véhicules seulement. C’est pourquoi nous songeons à un outil complémentaire qui puisse renseigner sur l’accessibilité des routes à la fois aux services de secours et aux véhicules légers.
Avez-vous déjà songé à un plan d’action pour la remise en état des infrastructures endommagées ?
Nous avons chiffré à environ 5 millions d’euros les travaux de réparation des dommages pour les routes, les ponts, les mobiliers extérieurs des parcs départementaux, etc. Le Département met également en place des dispositifs d’aides volontaristes à hauteur de 2,8 M €, votés lors de la dernière session du conseil départemental. La collectivité débloque un fonds d’urgence de 800 000 € en direction des populations sinistrées. 500 000 € seront versés immédiatement aux foyers touchés, après instruction par les Centres communaux d'action sociale (CCAS) et les mairies, dans le cadre d’un partenariat déjà établi. D’autre part, 300 000 € seront inscrits d’ici la fin 2016 ou début 2017 en fonction de l’évolution de la situation des sinistrés et des modalités de prise en charge des pertes par les assurances. A ce fonds d’urgence s’ajoutent 2 millions d’euros à destination des collectivités. Dans le cadre de sa mission de solidarité territoriale, le Département prévoit, en plus des dispositifs déjà existants, 1 M € d’euros de subvention pour aider à la réparation des dégâts qui ne seront pas pris en charge par les assurances (voirie et réseaux notamment) et 1 M € sous forme d’avance remboursable à taux zéro pour permettre aux collectivités de financer les travaux de remise en état des biens assurables.
Au-delà des aides financières, avez-vous prévu d’autres dispositifs ?
Nous avons mis à la disposition des sinistrés les logements de fonction vacants des collèges du département. Nous avons sollicité les bailleurs sociaux pour faire de même. Plusieurs maisons de retraite inondées ont dû être évacuées. Le Département compensera également le reste à charge dû par les personnes âgées qui ont été relogées dans un EHPAD avec un prix de journée supérieur. Enfin, le Département achètera des titres de transports mensuels valables sur tout le réseau ULYS pour les personnes sinistrées qui auront perdu leur véhicule et qui auront besoin de se déplacer.
Enfin, pour les besoins d’ingénierie, le Département fait le choix d’élargir pour un coût constant et jusqu’à la fin de l’année 2016 le champ de l’assistance technique pour les communes sinistrées à 3 nouveaux domaines : la voirie, l’habitat et l’aménagement, et ce, au-delà de l’assainissement collectif.
Quel travail en commun pouvez-vous faire avec les communes en matière de gestion du risque inondation ?
Le département du Loiret compte 200 communes de moins de 1000 habitants. Pour ces communes qui n’ont que très peu de services, il est parfois compliqué de réaliser des documents tels que les plans communaux de sauvegarde. Or, c’est la procédure qui va permettre aux élus, services et à une partie de la population, d’être le plus réactif possible et de prendre les premières mesures de sécurité et de préservation en cas d’inondation. C’est pourquoi le département leur proposera, dans les mois qui viennent, un outil le plus exhaustif possible, qui leur apporte un cadre précis et s’adapte à l’ensemble des situations. Ainsi, ces communes disposeront elles-aussi d’un plan communal de sauvegarde adapté à leur situation.
BK
Impact des intempéries dans le Département du Loiret :
· 234 communes loirétaines déclarées en état de catastrophe naturelle par l’Etat le 9 juin ;
· Plus de 5 000 maisons inondées et 917 personnes évacuées ;
· 200 agents départementaux mobilisés sur le terrain au plus fort de la crise ;
· 4 462 interventions du SDIS (Service Départemental d’Incendie et de Secours) ;
· 137 routes impactées représentant 1/3 des routes départementales dont 163 points de submersion constatés ;
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