« Il faudrait prendre en compte le vieillissement et la conformité des équipements sportifs qui, de plus en plus, inquiètent les élus locaux »

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28 février 2013

Entretien avec...
Jacques Thouroudes

Président de l’Andes*

1 - Quelles sont aujourd'hui les principales préoccupations des élus locaux en matière de sport et de loisirs ?
Les contraintes budgétaires constituent la première préoccupation des élus locaux car elles pèsent lourdement sur les équipements. De plus, le sport a évolué. Les pratiquants délaissent la performance au profit de la détente, du plaisir et de la convivialité. La mission des communes consiste à favoriser le sport pour tous, à développer la pratique des publics les moins représentés que sont les seniors, les femmes ou encore les personnes handicapés dont les besoins sont tout aussi importants. La sphère d’action des collectivités s’est agrandie. Elles doivent adapter leurs équipements pour accompagner les nouvelles pratiques. Avec à la clé des audits, des diagnostics locaux et territoriaux, mais aussi la consultation et la sollicitation des citoyens, de manière à répondre aux besoins des populations.

2 - Pensez-vous, comme le préconise le rapport publié par la Cour des comptes le 17 janvier 2013, qu'il faut faire évoluer le secteur du sport en France ? Que faudrait-il changer ou améliorer ?
Il faudrait changer de gouvernance. Aujourd’hui, les plus gros financeurs du sport en France sont les collectivités territoriales qui détiennent et gèrent plus de 80 % des équipements sportifs. Il y a nécessité d’agrandir le cercle des intervenants de sorte qu’elles ne supportent plus, seules, la quasitotalité des dépenses liées au sport.

Tant dans la construction que dans la réalisation, la collectivité doit s’attacher à concevoir des équipements partout et qui soient utilisables par tous. Or, certaines zones en sont dépourvues. Il nous paraît important que l’Etat assure un rôle de correcteur des déséquilibres. Il faudrait pour cela que l’on réforme le CNDS (Centre national pour le développement du sport) pour mieux définir les interventions et orienter les crédits vers les territoires qui en ont le plus besoin.

Il faudrait également prendre en compte le vieillissement et la conformité des équipements sportifs qui, de plus en plus, inquiète les élus locaux car nombre d’entre eux ne peuvent plus être utilisés dans des conditions optimales de sécurité. C’est le rôle de l’Etat, de faire en sorte que l’on puisse redonner vie à ces équipements. Pour cette raison, nous souhaitons la mise en oeuvre d’un véritable plan Marshall des équipements sportifs. La rénovation des équipements sportifs est un levier économique que l’on a trop longtemps négligé et qui pourrait contribuer à la création d’emplois. A ce titre, le soutien financier du CNDS permet un véritable effet de levier, puisque pour 50 millions d’euros d’aide, c’est plus d’un milliard d’euros de travaux réalisés dans le domaine des équipements sportifs. Malheureusement, le sport en France constitue l’un des plus petits budgets de la nation. Ceci est regrettable compte tenu du nombre de personnes concernées et de l’intérêt vital qu’il représente pour la santé.

3 - Sur quel(s) thèmes, dans le domaine du sport et des loisirs, devront porter les efforts des collectivités locales dans les prochaines années ?
Les efforts devront porter sur le sport pour tous et la réduction des inégalités sur le territoire. Dans le cadre de la réforme territoriale, il faudrait attribuer aux intercommunalités la compétence sportive pour la réalisation d’équipements. Ceci éviterait les concurrences qui existent parfois entre certaines collectivités.

Dans le même esprit que le plan Marshall que nous sollicitons, nous avons demandé la mise en place d’un prêt à taux bonifié pour la construction d’équipements. Cela constituerait une aide appréciable dans une période où les collectivités rencontrent des difficultés pour l’obtention de prêts.

Et bien évidemment, il faudrait, dans les années qui viennent, instaurer un dialogue pour une évolution pérenne des relations entre le sport professionnel et les collectivités territoriales. Il faut en effet que l’on cesse de montrer du doigt les collectivités qui n’auraient pas « suffisamment » investi dans les équipements destinés à leurs équipes professionnelles. Or, ce sont autant d’investissements qu’elles ne feront pas ailleurs. Nous souhaitons donc que les clubs professionnels deviennent acquéreurs et gestionnaires de leurs équipements sportifs, et puissent, ensuite, les faire évoluer. A ce titre, des échanges ont lieu régulièrement avec l’ANLSP (Association Nationale des Ligues de Sport Professionnel). Nous appelons de nos voeux une réelle réforme dans ce domaine, qui sera notamment évoquée lors d’une prochaine loi sur le sport de haut niveau.

4 - Quelles seront les incidences de la réorganisation des rythmes scolaires sur le sport dans les communes ?
Elles sont humaines et financières. Il est évident que cette réforme bouleverse profondément l’organisation de l’utilisation de nos équipements sportifs, le mercredi matin étant jusqu’à présent utilisé par les associations sportives et les écoles municipales de sport, dans le cadre d’animations organisées par la collectivité. Cela va sans doute occasionner une fragilisation des emplois dans les associations sportives qui devront trouver de nouveaux créneaux.

En second lieu, les collectivités devront financer et organiser les plages horaires qui ne seront plus utilisées. Nous avons estimé que la dépense était de l’ordre de 150 à 200 euros par enfant et par an. Soit pour une commune de moins de 1 000 habitants, un coût d’environ 20000 euros et de 475000 euros pour une commune de 50000 habitants. Compte tenu de ces coûts supplémentaires, nous demandons une aide financière pérenne et durable. Et pas seulement pour la première année. Les transports représentent aussi une importante problématique pour les Départements, qui n’a pas encore été prise en compte.

 

Propos recueillis par Blandine Klaas

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Question :
Un maire, donc OPJ, peut-il l’être en dehors de sa commune ?
Réponses :
Non, il est élu OPJ sur sa commune.
Tous les pouvoirs du Maire en tant que représentant de l'Etat ne lui sont octroyés que sur son territoire.
Non uniquement dans la commune où il est élu maire.

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