Dans cette commune touristique située au pied du Mont-Blanc, douze œuvres réalisées par des artistes internationaux recouvrent les murs et plafonds, ainsi qu’une partie de la façade du parking du centre-ville. Ce nouvel espace dédié à l’art contemporain permet au public de découvrir les œuvres inédites d’artistes internationalement reconnus.
Le nom de code de cet espace, 2KM3 Saint-Gervais contemporary art platform, une plateforme monumentale et inédite dédiée à l’art contemporain urbain. Il s’agit en réalité du parking souterrain situé au cœur de la ville, transformé en un gigantesque musée alternatif gratuit, ouvert 365 jours par an et 24 heures sur 24. Sur une initiative du maire, Jean-Marc Peillex, et sous le commissariat d’Hugues Chevallier, président de l’association Kill Art Factory et de l’artiste Frédéric Battle (Zoer), 12 artistes français et étrangers internationalement reconnus ont été invités à investir les 11 niveaux ainsi qu’une partie de la façade extérieure. 2KM3 est la contraction de deux mille mètres cubes, soit le volume au sein duquel chaque artiste a dû s’exprimer. Chacun d’eux s’est vu attribuer un étage, soit 450 m2 de mur et 500 m2 de plafond. Sans contrainte de médium, les artistes ont dû composer avec le lieu, avec ses brisures visuelles, ses astreintes spatiales et ses axes de déambulation, leur seule obligation étant de proposer une œuvre in situ, considérant le volume dans sa globalité, soit 2 000 m3 par étage.
Le traitement couleur des espaces de circulation piéton (escaliers, ascenseurs) prend en compte les normes PMR malvoyants comme partie intégrante de l’œuvre. La signalisation est faite par la couleur, chaque couleur étant une conséquence de chaque œuvre à chaque étage. Une démarcation nette a été effectuée à chaque palier, afin de signaliser correctement le changement de niveau. Les ouvrants ont été teintés de manière à se détacher des murs par des contrastes forts. Bien entendu, le lieu reste à la portée de ses usagers, et conserve sa fonction première. Les habitants de la commune sont désormais partie intégrante de l’œuvre puisqu’en garant leur véhicule au sein de cet espace, ils introduisent un élément dans sa composition d’ensemble.
Un projet entièrement financé par le mécénat
Jean-Marc Peillex ne s’en cache pas, une telle initiative a un coût : « je suis un maire responsable et je ne voulais pas que l’argent du contribuable local serve à financer un tel projet, ni que ce projet soit financé par des subventions. Je pense que la culture est un art, mais aussi une véritable activité qui nécessite de recourir à d’autres formes de financements. J’ai donc fait le pari de trouver des mécènes. Nous avons calculé le prix de revient du projet dont nous avons estimé le coût de revient à 17 000 euros. Ce montant comprenant le cachet des artistes, leur transport, leur nourriture, leur hébergement ainsi que la peinture », explique le maire.
Douze mécènes ont permis de financer l’ensemble du projet et se verront accorder par l’État un droit à la déduction fiscale parce que le parking de la commune est gratuit, donc l’espace artistique est ouvert à tous.
Jean-Marc Peillex a par ailleurs souhaité « qu’un lien humain se crée entre l’artiste et le mécène pour que l’histoire entre eux puisse perdurer. Chaque mécène a donc choisi son artiste qui pourra éventuellement faire appel à lui pour d’autres occasions. » Le projet nécessitait une valorisation par la lumière. C’est un entrepreneur philanthrope passionné d’art, M. Abdul Basit Igtet, mécène de la Comédie-Française, qui a financé l’éclairage des œuvres. « Grâce à lui, le parking et le musée bénéficient d’un éclairage à LED respectueux de l’environnement, avec quatre fois plus de puissance que nous n’en avions auparavant pour une consommation électrique de deux fois moindre », ajoute le maire de Saint-Gervais. Il rappelle également que 2KM3 ne serait pas ce qu’il est si les bénévoles des clubs de la commune, sportifs ou culturels ou simples particuliers, ne s’étaient pas retroussés les manches pour nettoyer, dérouler les protections, peindre d’une couche d’apprêt les murs et piliers afin de faciliter la tâche des artistes.
Pour Jean-Marc Peillex, « une station touristique comme Saint-Gervais, avec ses thermes, son activité d’alpinisme, sa station de ski, a besoin d’avoir une palette de propositions sportives et culturelles qui soit très large. La culture et le patrimoine en font partie. Mais ce que nous faisons, c’est avant tout pour nos habitants, car le rôle d’un élu c’est de créer de la vie dans sa commune ».
2KM3 en quelques chiffres :
• 6 500 litres de peinture acrylique
• 2 500 bombes aérosol
• 11 niveaux de 40m de long, 20m de large, et 2,5m de hauteur sous plafond.
• 11 500 m² de surface peinte
L’origine du projet
2KM3 c’est l’histoire d’une rencontre avec deux passionnés d’art urbain, Hugues Chevallier, alias Irsut, et Jean-Yves Raffort venus proposer à la commune l’idée d’un festival de street-art (Kill Art Factory) sur et dans des bâtiments désaffectés voués à la démolition. C’est aussi l’histoire d’une habitante de Chamonix qui un jour vint voir le maire pour lui suggérer de reproduire en bonne place, sur un bâtiment de la commune, la photographie du premier atterrissage d’un avion au col du Dôme du Goûter. Une œuvre réalisée par deux artistes, Irsut et Frédéric Battle, alias Zoer, pour un prix modique. 2KM3 naquit ensuite de leur envie de faire d’autres œuvres en investissant un lieu atypique pour y exprimer leur art. Transformer quelques niveaux du parking couvert fut leur proposition. Une contre-proposition du maire de Saint-Gervais, celle de ne pas se limiter et de transformer l’ensemble des 11 niveaux qui le composent, donna corps à ce projet inauguré le 2 juin 2017.
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