La configuration en cuvette de l’agglomération grenobloise favorise l’accumulation des polluants atmosphériques. Dernière mesure en date en matière de lutte contre la pollution, des micro-capteurs embarqués pour mesurer et géolocaliser la pollution de l’air.
Grenoble et son agglomération sont régulièrement confrontées à des pics de pollution. Mieux connaître les lieux exposés à la pollution et leurs niveaux constitue un outil précieux pour aider les pouvoirs publics à prendre les bonnes décisions et à mieux informer les populations pour influer sur les comportements. Tel est l’objet de l’expérimentation GreenZenTag menée par Lemon, le Laboratoire d’expérimentation des mobilités de l’agglomération grenobloise. Pour la première fois en France et pendant deux mois — janvier et février 2017 — dix microcapteurs installés sur les toits des tramways de la ligne A (20 km), la plus longue et la plus fréquentée de l’agglomération, vont mesurer le taux de particules PM10 et PM2,5 en dynamique, en temps réel et de façon géolocalisée. Au total, plus de 6 000 mesures seront récoltées et analysées chaque jour. Il s’agit de vérifier que cette méthode de mesure peut utilement compléter les données des capteurs fixes d’Atmo Auvergne-Rhône-Alpes qui permettent aujourd’hui d’établir les modélisations. Ce volume de données va permettre de dégager des résultats fiables et pertinents. Dix-huit mois auront été nécessaires pour mettre au point cette expérimentation originale et innovante qui constitue, selon la ville de Grenoble, une première en France. Deux start-up sont associées au projet, EcoLogicSense et Zenbus, ainsi que deux acteurs de l’environnement, Egis Environnement et Atmo Auvergne-Rhône-Alpes. Le projet porté par Lemon a été voulu par le Syndicat mixte des transports de l’agglomération grenobloise dans le cadre de sa délégation de service public.
La pollution géolocalisée
Pour la première fois, les mesures de la qualité de l’air vont être géolocalisées, à l’échelle de la rue, dans les quartiers et villes traversés par le tramway, au plus près des habitants, où ils résident, travaillent, consomment, se déplacent, vivent leurs loisirs. Si sa fiabilité est validée et ses résultats pertinents, GreenZenTag pourrait se décliner en application sur smartphone. Elle mixerait données mesurées en temps réel, géolocalisées et en modélisation. Une connaissance susceptible d’influencer les modes de déplacement et de consommation. Sans rivaliser avec la finesse et la puissance des appareils de mesure et outils complexes de modélisation, les capteurs de GreenZenTag pourraient s’avérer une alternative pour les villes qui n’ont pas les moyens d’investir dans des dispositifs plus complexes et plus onéreux.
La ville en action contre la pollution
Dès 2005, un Plan climat local, le premier de France, engage la réduction des gaz à effet de serre sur le territoire grenoblois. Les émissions ont diminué de 18 % entre 2005 et 2013, en adéquation avec les objectifs fixés pour 2014. Elles atteignent ainsi désormais 3,4 tonnes par habitant. Le nouveau Plan air énergie climat, fixe à moins 35 % les émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2020, et à moins 50 % pour 2030. Les élus de l’agglomération sont bien conscients que les efforts doivent se poursuivre, particulièrement sur les secteurs des bâtiments et du transport.
Le 16 novembre 2015, le conseil municipal a adopté un « Protocole d’accord sur les mesures à mettre en œuvre pour réduire la durée et l’intensité des pics de pollution de l’air sur la région grenobloise », applicable au 1er janvier 2016. Ce protocole, partenarial et innovant, porte sur les pollutions de l’air générées par les oxydes d’azote, l’ozone et les particules fines (PM10). Il a permis d’améliorer l’information auprès des habitants en amont des pics. Il a également acté la réduction des tarifs — un ticket pour la journée — ou la gratuité des transports en commun, facilité l’usage du vélo et encouragé l’essor du covoiturage.
Grenoble est également un territoire pilote pour le déploiement des « Certificats Qualité de l’Air » (CQA). Les CQA classent les véhicules en 6 catégories, en fonction de leur motorisation et de leur date de première immatriculation. Basés sur un système de « macarons » de couleur, ils permettent de limiter la circulation des véhicules les plus polluants lors des pics de pollution. À la différence de la circulation alternée, le déploiement des Certificats Qualité de l’Air cible en priorité les véhicules les plus polluants afin d’agir directement sur le niveau de pollution, sans commencer par pénaliser les voitures qui polluent le moins. De plus, ce dispositif encourage l’automobiliste à acquérir une voiture sobre afin de pouvoir circuler toute l’année.
Pour Éric Piolle, maire de Grenoble « La pollution de l’air n’est pas une fatalité : elle est un défi pour notre agilité collective. Ensemble, grâce au protocole innovant qui rassemble la Ville, le SMTC, la Métropole et la préfecture, et si chacun adopte les bons gestes, nous pouvons limiter dans le temps la durée des pics de pollution ! Réinventer la ville au quotidien, en développant l’écomobilité (marche à pied, vélo, transports en commun, etc.), en végétalisant les espaces publics, en accompagnant les changements de comportement (chauffage au bois, diesel, autosolisme, etc.), cela fait partie de la solution pour enfin faire de Grenoble une ville respirable, où chacun trouve sa place ».
En dehors des périodes de pics, la ville de Grenoble agit au quotidien pour améliorer la qualité de l’air dans son bassin de vie, et préserver ainsi la santé de ses habitants. Elle développe un bouquet de politiques publiques en faveur de la qualité de l’air : généralisation des zones à 30 km/h, végétalisation des espaces publics, information en temps réel sur la qualité de l’air et conseils sur le site grenoble.fr, augmentation de la part de bio et de local dans les cantines scolaires, amélioration de l’air intérieur dans les bâtiments municipaux, développement du réseau de transports en commun, encouragement de la marche à pied et de la pratique du vélo par la réalisation de voies cyclables et l’amélioration de conditions de location de vélos ou encore, en lien avec la Métropole, mise en place d’une prime « Air Bois » pour encourager les particuliers à s’équiper de solutions pour un chauffage au bois plus performant.
L’enjeu est réel et les élus grenoblois l’ont bien compris : la pollution de l’air est responsable de 48 000 décès prématurés par an en France selon Santé Public France et entraîne une augmentation des maladies respiratoires et cardiovasculaires.
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