La problématique des eaux pluviales changed’un bassin à l’autre. Quelles sont les particularités du bassin Seine-Normandie ?
La Seine est un petit fl euve comparé au Rhône, à la Loire ou à la Garonne. Ce système hydrographique fragile est soumis à une forte pression d’origine anthropique et à une urbanisation dense. La population concentrée le long des cours d’eau et du littoral, est en grande majorité implantée en Île-de-France (65 %). Ces zones très fortement urbanisées sont également très imperméabilisées et favorisent le ruissellement par temps de pluie. À l’horizon 2030, le projet du Grand Paris contribuera à augmenter la population francilienne et la surface urbanisée.
La maîtrise de l’imperméabilisation des sols et des quantités d’eaux de ruissellement collectées dans les réseaux d’assainissement constituent donc des enjeux forts du territoire, conjointement à une optimisation des systèmes d’assainissement et de gestion des eaux pluviales. Le but est de réduire les déversements par temps de pluie car de nombreux usages des ressources en eau continentales et littorales peuvent être perturbés par les déversements de temps de pluie, notamment l’alimentation en eau potable, la baignade et la conchyliculture. Par ailleurs, la protection des milieux naturels et l’atteinte des objectifs de qualité est en jeu. Ce bon état est l’un des engagements européens de la France en matière d’eau et de milieux aquatiques.
À la complexité du système hydrographique s’ajoutent la complexité des systèmes urbains et des systèmes d’assainissement ainsi que la diversité des objectifs, notamment en zone centrale francilienne.
Comment l’agence gère-t-elle cette particularité ?
Pour aider les différents acteurs du bassin à mieux appréhender ce système complexe, en cerner les enjeux et orienter les actions, l’agence de l’eau Seine-Normandie soutient différents programmes de recherches et « zones ateliers » ou observatoires : PIREN-Seine, Seine-aval (centré sur l’estuaire de la Seine) et OPUR (Observatoire des Polluants Urbains). Le copilotage mixte de ces programmes scientifi ques appliqués par des chercheurs, mais aussi par des gestionnaires, favorise les transferts de connaissance entre le monde de la recherche et les praticiens du monde de l’eau. Le programme Piren-Seine dont l’agence de l’eau est partenaire depuis sa création en 1989, s’intéresse à la gestion de l’eau à l’échelle du bassin. Il comporte un volet pluvial. À partir de mesures de terrain et de modélisations, il développe une vision d’ensemble du fonctionnement du réseau hydrographique de la Seine. Le logiciel ProSe, issu de ce programme, permet de simuler l’impact de tout type de pollution anthropique y compris les rejets urbains de temps de pluie. Il est utilisé par le syndicat interdépartemental pour l’assainissement de l’agglomération parisienne (SIAAP) pour dimensionner ses actions. Le syndicat s’est également équipé d’un autre outil très performant, MAGES (Modèle d’aide à la gestion des effl uents du SIAAP) qui recueille l’ensemble des informations en provenance du terrain : débit de l’eau, rejets, état du réseau, fonctionnement des usines, prévisions de Météo France. Des outils de modélisation élaborent ensuite des scénarios de gestion. C’est une aide précieuse pour orienter les décisions à prendre en cas de pluies afi n d’éviter inondations et pollutions des milieux naturels. Enfi n, l’observatoire des polluants urbains en Îlede- France (OPUR) est un outil multipartenarial qui regroupe tous les grands maîtres d’ouvrages de l’Île-de-France, et l’agence de l’eau. C’est un site atelier qui vise à améliorer les connaissances concernant l’origine et le transfert des polluants dans les eaux urbaines, notamment lors d’événements pluvieux. L’agence Seine-Normandie a participé au fi nancement de ces outils, à la diffusion et à la valorisation des résultats. L’agence de l’eau vient de lancer un appel à projets « Gestion durable des eaux de pluie dans les projets d’aménagements urbains ».
Quel est l’objectif visé ?
Dès l’année 1992, l’intervention de l’Agence en matière de réduction des rejets polluants de temps de pluie est pensée de manière globale, c’est-à-dire à la fois sur systèmes unitaires et séparatifs, combinant ouvrages structurants et contrôle à la source. Entre le 6e et le 10e programme d’intervention, actuellement en vigueur, des ajustements successifs ont permis de rendre les aides de l’Agence de plus en plus incitatives pour les actions permettant d’utiliser, infi ltrer, évaporer et évapotranspirer les pluies courantes, près de l’endroit où elles précipitent. Le 10e programme prévoit des aides en zones d’urbanisation existante et des appels à projets pour les zones d’extension urbaine. En zones d’urbanisation existantes, les subventions que nous octroyons peuvent atteindre 70 % du montant des travaux retenus. Pour favoriser la réduction de l’imperméabilisation, notre 10e programme permet de quasiment doubler le montant plafond retenu pour le calcul de l’aide, si le projet réduit l’imperméabilisation de plus de 10 %.
L’objectif est de reconquérir des espaces non imperméabilisés à l’occasion de programmes de réhabilitation urbaine, de réaménagement, de requalifi cation de quartiers ou de voirie, etc. L’appel à projets que nous avons lancé en début d’année va permettre de compléter ce dispositif. Il a pour but de créer une vitrine de projets exemplaires situés dans les zones d’extension urbaine. Il s’agit de zones qui ne sont pas encore urbanisées. Le budget total alloué à cet appel à projets est limité à 2 millions d’euros
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