Construit entre 2012 et 2014, le viaduc Léon-Blum est un maillon essentiel du nouveau réseau de transports en commun mis en place par la communauté d’agglomération de Grand Poitiers. S’il est avant tout destiné à la circulation du premier bus à haut niveau de service (BHNS), il n’en constitue pas moins un ouvrage remarquable pour ses qualités d’insertion dans la ville. Cette réalisation s’est vue attribuer le prix « transports » et le Grand Prix 2015 de La Revue des Collectivités locales.
Le Grand Poitiers vient de remporter le Grand Prix de La Revue des Collectivités locales pour la réalisation du viaduc Léon- Blum. Que représente cette distinction pour vous-même et pour l’agglomération ?
Le viaduc Léon-Blum est à mon sens un beau geste architectural, une prouesse technique et un véritable objet structurant en matière d’urbanisme. Cette distinction est une belle récompense pour les équipes qui ont travaillé sur ce projet. Je pense aussi bien aux ouvriers qu’à l’architecte, Jean-François Blassel, ainsi qu’au bureau d’études qui ont, ensemble, conçu et construit ce viaduc. C’est à eux qu’il faut avant tout rendre hommage, sans oublier la SNCF qui nous a facilité sa mise en oeuvre, puisque, rappelons-le, il surplombe les voies ferrées. Je remercie également mes équipes et l’ensemble des élus qui ont suivi ce dossier ainsi que les ingénieurs de l’agglomération de Poitiers. Cette distinction est une fierté pour l’ensemble des Poitevins. Elle concourt à la notoriété et l’attractivité de la ville de Poitiers et son agglomération.
Le viaduc Léon-Blum a également été distingué parmi d’autres ouvrages d’art de renommée mondiale lors du prestigieux International Bridge Conférence, un prix de l’Engineer’s Society of Western Pennsylvania. Cette organisation a pour ambition de promouvoir et d’être le catalyseur des interactions entre les acteurs de l’ingénierie et des sciences appliquées. Il s’agit du deuxième titre français après le viaduc de Millau en 2005.
Le viaduc remplace une ancienne passerelle qui était en place depuis 60 ans. Qu’apporte-t-il de plus ?
Réservée aux piétons et aux cyclistes, la passerelle des Rocs, plus communément nommée la « Grande Passerelle », était vétuste. Nous avons choisi de la démonter et de mettre en oeuvre un nouveau projet. Le viaduc se situe au-dessus de la vallée de la Boivre et créé le lien entre la partie ouest de l’agglomération et le centre-ville. Il permet à la fois le passage des bus, des vélos et des piétons. C’est un élément structurant pour la ville de Poitiers et pour l’agglomération. C’est une prouesse technique du fait de la qualité et de la conception même de l’objet qui passe au dessus des voies ferrées. Il a fallu une coordination entre l’entreprise qui l’a construit, le groupe Vinci, et la SNCF pour pouvoir réaliser les travaux, particulièrement la nuit, lorsque la ligne LGV ne fonctionnait pas. Le viaduc n’est pas ouvert à la circulation automobile mais les taxis et les véhicules d’urgence sont autorisés à y circuler.
Qu’est ce qui vous a séduit dans ce projet ?
Lorsque j’ai exprimé ma préférence pour ce projet, nos équipes d’ingénieurs m’ont prévenu qu’il serait techniquement difficile à réaliser. J’ai pensé, pour ma part, que l’équipe qui proposait ce projet avait sans doute l’habitude de réalisations plus complexes. Ce n’est pas un objet qui contrarie l’urbanisme. Bien au contraire. J’ai été séduit par l’intégration de cet objet dans le paysage car bien que volumineux, il se fait discret, paraît assez léger et s’intègre parfaitement dans son environnement. Avec en prime une faible emprise au sol. Par ailleurs, sa fonctionnalité permet de favoriser les transports doux. L’éclairage nocturne fait aussi partie du projet architectural. La nuit, le viaduc « dialogue » avec le théâtre auditorium de Poitiers à l’architecture très moderne et le pôle multimodal Toumaï. Deux équipements eux aussi mis en lumière.
Ce viaduc a-t-il été pensé comme un projet d’amélioration du système de transports en commun ou comme un projet d’aménagement urbain ?
C’est un acte d’urbanisme qui permet de structurer les transports en commun. Le viaduc surplombe la gare SNCF et renforce la multimodalité. C’est un lieu où arrivent la LGV, les TER, où l’on peut se procurer des vélos et prendre les transports en commun. Une passerelle latérale permet un accès direct du viaduc à la gare. Ce projet s’inscrit pleinement dans le contexte de la loi sur la transition énergétique en favorisant les modes de déplacement doux. Je pense aujourd’hui que tout le monde est plutôt satisfait de la rénovation urbaine et de la construction du viaduc.
D’une manière plus générale, quels sont les principaux axes de la politique des transports de l’agglomération ?
Commençons par la gare de Poitiers que nous avons souhaité conserver en centre-ville, notamment dans le cadre de la nouvelle ligne LGV Tours-Bordeaux, pour que se retrouvent sur un même lieu l’arrivée des TER et des TGV. En second lieu, nous avons développé depuis des années les transports doux sur notre territoire. Nous menons une politique très active en faveur des vélos électriques car Poitiers est une ville en hauteur où ils se révèlent très utiles. Nous sommes proportionnellement l’une des villes qui a le plus développé ce moyen de locomotion. En matière de transports en commun, nous préparons la mise en service prochaine d’une ligne de bus à haut niveau de service, l’augmentation des fréquences sur les lignes de bus structurantes régulières, une information multimodale importante et l’ouverture de parcs-relais aux entrées de l’agglomération. Ainsi, les visiteurs venant de l’extérieur de la ville peuvent déposer leur véhicule et poursuivre leur voyage en bus, à vélo ou à pied. Notre réseau de transport se développe et se modernise.
Vous affirmiez récemment que nous étions à l’aube d’une nouvelle façon de vivre le transport public. Qu’entendez- vous par là ?
Le viaduc Léon-Blum s’inscrit dans le cadre de la rénovation du cœur de l’agglomération. Nous y avons supprimé la voiture grâce à un système de parkings-relais. Il fallait développer parallèlement un système de transports en commun plus efficace. C’est une petite révolution pour les Poitevins qui avaient l’habitude de venir en voiture jusque dans le centre-ville. Nous avons bouleversé les habitudes de nos concitoyens et il nous reste quelques efforts à faire pour modifier leurs comportements. Il ne s’agit pas d’opposer la voiture aux transports en commun. Chacun sait que la voiture est utile pour ceux qui viennent de l’extérieur de l’agglomération. Seulement, ils doivent pouvoir stationner naturellement aux portes de la ville puis utiliser les moyens de locomotion que nous avons mis en place. C’est cette nouvelle manière de se déplacer que nous devons accompagner.
Notre objectif n’est pas de contraindre mais aider nos concitoyens à intégrer les nouveaux modes de transport. C’est indispensable et c’est l’enjeu des années à venir.
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