Les débats préalables aux élections municipales mais aussi ceux de l’Assemblée nationale sur l’acte 3 de la décentralisation et ceux du Parlement européen sur le 4ème paquet ferroviaire ont rappelé à tous l’actualité du transport public et les enjeux dont il est porteur. Les thématiques soulevées sont variées, elles questionnent l’organisation de la ville, la place respective de la voiture et du transport public, le choix du mode : métro, tramway ou bus. Le rôle du transport public dans le développement économique et l’animation de la ville a été intense. Autre enjeu important débattu est celui du rôle social du transport public avec plusieurs promesses de gratuité, et le lien social qu’il permet de main tenir.L’actualité récente, qu’il s’agisse des pics de pollution enregistrés sur un grand nombre de métropoles françaises ou de la contestation de l’écotaxe a également reposé la question du financement de la mobilité. Dès lors les défis à relever par le transport public sont nombreux et j’en pointerai quatre : Premier défi : passer du transport public au concept de mobilité.
Les entreprises se sont déjà largement engagées dans ce mouvement de gestion et d’intégration de la chaîne de mobilité en constituant degrandes entités et des groupes puissants capables de gérer tous les modes de transport, du métro au vélo, mais aussi de gérer les interfaces, les huis, les pôles d’intermodalité, les systèmes d’information voyageurs. Les collectivités, quant à elles, voient leurs compétences débattues. Les autorités organisatrices (AO) urbaines aspirent à devenir des AO de la mobilité durable en intégrant notamment le stationnement et la gestion de la voirie dans leurs compétences.
Le «mille feuilles», s’agissant du transport public, devrait se réduire à deux niveaux, celui de l’aire métropolitaine et le niveau régional. Le deuxième défi porte sur la maîtrise du coût de la mobilité. Ce coût va inexorablement s’accroître car il n’a pas suivi l’augmentation du coût des autres services publics ces dix dernières années, ni celle de l’inflation. Le transport public est donc confronté à une dégradation continue du taux de couverture de ses dépenses par ses recettes. AO et entreprises doivent donc organiser la coordination des modes de transport, gagner en productivité interne, mais aussi en productivité externe. Un meilleur partage de la voirie au profit des autres modes que la voiture est la condition première pour permettre au TP de jouer ses atouts que sont la fréquence, la régularité et la ponctualité.
Cette optimisation doit s’accompagner d’une intégration forte de la politique de stationnement dans la politique de transport. Le transport public, et c’est son troisième défi, ne pourra faire l’économie d’un vrai débat sur son financement à long terme. Ne pouvant solliciter davantage le versement transport ni l’impôt, il doit résolument réfuter les discours faciles sur « la gratuité, un chèque sans provision », et opter pour des politiques tarifaires qui augmentent les prix pour le voyageur quand des investissements ont été réalisés et des services améliorés, qui instituent des tarifications sociales et solidaires garantissant le droit à la mobilité. Mais il doit aussi interroger sans relâche les pouvoirs publics sur le respect de l’équité entre les modes de transport, sur la prise en compte des externalités, accidentologie, congestion, pollution dont le coût cumulé est estimé à plus de 100 milliards d’euros par an, chiffre à comparer aux 7 milliards du Versement Transport.
L’État, quant à lui, ne peut s’affranchir de son rôle d’impulsion du transport public pour respecter les engagements internationaux qu’il a pris au nom de la France de réduire les émissions, et doit trouver les financements des appels à projets issus du Grenelle. Le quatrième enjeu et non des moindres vise à valoriser la filière française du transport public qui compte des champions mondiaux dans tous les secteurs - ingénierie avec Systra et Egis, constructeurs, équipementiers, génie civil (Vinci, Eiffage, et Bouygues), et opérateurs. Avec SNCF-Keolis, Transdev, et RATP, la France compte 3 des 5 leaders mondiaux. entreprises d’exposer leurs savoir-faire pour pérenniser cette filière d’excellence génératrice d’emplois qualifiés et d’emplois non délocalisables pour les emplois de services de transport.
L’objectif du SEM est aussi par l’organisation de débats conjoints avec l’UITP, organisation internationale des transports publics, d’interpeller l’Europe sur la place qu’elle réserve aux TP dans ses budgets et au profit de ses citoyens.
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