« Les ambassadeurs de la mobilité » ce n’est pas juste un concept. Cette opération mise en place en 2015 par l’ex-Communauté du Pays d’Aix s’apparente à un véritable « management » de la mobilité qui aura permis de provoquer des changements réels dans le comportement des quelque 300 volontaires qui ont participé à l’opération.
L’expérimentation des Ambassadeurs de la Mobilité, forme de « coaching » individualisé pour inciter les citoyens à réduire l’usage de la voiture, a été menée en 2015 et 2016 sur deux territoires significatifs, la commune de Venelles (15 000 habitants), engagée dans la création de pistes cyclables et la mobilité électrique, et le quartier aixois de La Duranne (20 000 habitants). Une demi-douzaine d’ambassadeurs ont été formés pour l’occasion par la métropole et les maîtres d’œuvre du projet, le groupement Auxilia — Wimoov, France Interview, sous le contrôle scientifique du Laboratoire de psychologie sociale d’Aix-Marseille Université. « La formation portait sur deux points particuliers : d’une part la connaissance de l’offre de mobilité dans le village de Venelles et dans le quartier de la Duranne à Aix, qu’il s’agisse des transports en commun ou des transports à la demande, de l’usage du vélo ou des itinéraires de marche à pied. L’autre volet portait sur la conduite de l’entretien avec les habitants pour le recrutement de volontaires » explique Guy Barret, conseiller métropolitain et vice-président du territoire du Pays d’Aix délégué à l’organisation des transports et à la coordination de la mobilité. Après un premier bilan personnel dressé avec un ambassadeur, les volontaires se sont engagés à tester un mode de déplacement autre que la voiture. Trois questionnaires ont permis de mesurer les changements sur 12 mois. Leur choix de se déplacer autrement qu’en voiture concernait principalement les petits trajets, vers les commerces de proximité ou l’école des enfants, par exemple. Une évolution encourageante lorsque l’on sait que 50 % des trajets de moins de 2 km sont d’habitude effectués en voiture.
Un coût pour la collectivité, mais des bénéfices certains
200 000 € c’est le coût de l’opération pour la collectivité. Ce montant comprend le prix de la prestation de service du groupement, mais aussi les dépenses de communication et de conduite du projet. L’expérimentation a été soutenue à hauteur de 95 000 par le ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie. « Il y a certes une dépense de la part de la collectivité, mais nous bénéficions d’un retour sur investissement » constate l’élu. Les gains économiques sur cinq ans pour les volontaires et pour la collectivité sont estimés à 111 000 €. Ce montant tient compte des trajets en voiture non effectués et des kilomètres ainsi évités — 941 km exactement par volontaire et par an. Quant aux bénéfices indirects, ils concernent principalement une amélioration de la qualité de l’air et une diminution du temps d’embouteillage.
Ce résultat salué par le trophée Éco Action 2016 est le signe qu’il est réellement possible d’aider les habitants du territoire à réduire pollution et embouteillages et ce, à faible coût, dans la mesure où le programme, ciblé sur les comportements, n’implique pas d’investissements dans la réalisation d’infrastructures nouvelles. Le programme « Ambassadeurs de la Mobilité » a également été reconnu comme meilleure initiative des Challenges du transport public 2015 par le groupement des autorités responsables de transport (GART) et l’union des transports publics (UTP). Satisfait du résultat de l’opération qui s’est achevée fin 2016 sur une baisse de 6 % de l’usage de l’automobile pour les 294 volontaires impliqués, le territoire du Pays d’Aix, désormais fusionné au sein de la métropole Aix-Marseille-Provence, prévoit d’élargir progressivement la démarche à d’autres secteurs, dès 2017. Concrètement, il est envisagé de porter la population cible de 12 000 à 60 000 habitants, avant de déployer à terme le programme à l’ensemble de la population métropolitaine.
« La métropole Aix-Marseille-Provence a voté en décembre dernier un agenda de la mobilité qui prévoit d’améliorer les déplacements des citoyens au quotidien. Cela passe certes par des infrastructures, mais il ne suffit pas de créer de l’offre pour provoquer le changement. Il faut accompagner le citoyen et l’automobiliste qui désirent échapper aux embouteillages et à la pollution. L’aide au changement de comportement doit être menée en même temps que la création d’infrastructures » affirme M. Guy Barret. Il rappelle également que des centaines de millions d’euros en création d’offres ont été dépensés pendant des années et ont tout juste permis de maintenir la part de marché du transport public face à la voiture. « Comment avec autant de ressources pouvons-nous gagner des parts de marché sur l’automobile ? Voilà la question. Les ambassadeurs y répondent en partie » affirme M. Barret.
Un guide méthodologique disponible en ligne* a été conçu pour permettre à d’autres collectivités de connaître les leçons tirées de cette expérience. « Nous y exposons les 7 étapes que nous avons identifiées, avec bien sûr les facteurs de succès de chacune des étapes et les points qui doivent évoluer. Nous livrons notre recette, mais nous encourageons chacun à l’adapter en fonction des particularités de son territoire ».
Un nouveau marché de prestations doit désormais être relancé pour le déploiement de la démarche, sur la base du guide méthodologique mis au point en Pays d’Aix. Inscrite à l’agenda métropolitain des transports, elle est assortie d’une enveloppe budgétaire de 600 000 € de 2017 à 2021.
* Le guide est disponible sur le lien suivant http://www.lepilote.com/fr/ ambassadeurs-de-la-mobilite/1055
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