Territoire à taille humaine qui rassemble 28 communes et compte un peu plus de 52 000 habitants, Grand Soissons agglomération capitalise sur son passé économique pour sa réindustrialisation. Une fois dépolluées puis réhabilitées, d’anciennes friches, vestiges d’un passé industriel florissant, retrouvent une nouvelle vie, participant ainsi au renouveau du territoire.
Témoins du passé industriel de la ville et de son territoire, les friches constituent pour l’agglomération un nouvel outil de développement du territoire comme l’explique Alain Crémont, le président du Grand Soissons : « Dans les années 90 à 2000, le territoire Soisonnais a perdu plus de 7000 emplois industriels avec la disparition de prestigieuses entreprises comme la chaudronnerie industrielle BSL liquidée en 2002 ou l’entreprise Wolber, filiale du groupe Michelin qui a cessé son activité en 1999. En 1993, l'Etat décidait de fermer la caserne Gouraud, laissant une friche militaire de dix hectares sur laquelle nous avons réalisé un énorme travail de restauration. » Renverser la tendance, c’est le mot d’ordre des élus qui décident dès les années 2000 la reconstitution de foncier à vocation industrielle pour développer l’économie sur le territoire, marquant le début de plusieurs opérations de réhabilitation de friches destinées à l’accueil de nouvelles entreprises. « L’objectif est de faire venir des entreprises industrielles et faciliter leur implantation. Nous leur proposons des espaces prêts à l’emploi, équipés de réseaux d'assainissement et d'eaux pluviales, sur lesquels ils n’auront plus qu’à construire leurs bâtiments » explique le président.
Les friches réhabilitées
Les opérations se succèdent. Depuis une vingtaine d’années, plusieurs parcs d’activités sont sortis de terre. Sur la friche industrielle de la chaudronnerie BSL, acquise en 2010 par la communauté d’agglomération du Soissonnais, un village de sept hectares à destination des PME a été aménagé. L’ancienne caserne du parc Gouraud, réhabilitée, constitue le nouveau poumon économique du cœur de Soissons, avec l’arrivée de nombreuses entreprises de services qui génèrent quelque 800 emplois. Et tandis que le parc des Entrepôts accueille une trentaine d’entreprises de services et artisanales, le parc d’activités du Plateau labellisé site industriel clé en main, accueille une dizaine d’entreprises et 600 emplois sur un espace de 150 hectares. C’est ici que le fabricant d’isolation en laine de roche Rockwool a prévu d’implanter son futur site industriel. Officialisé en juin 2021, soutenu par l’agglomération du Grand Soissons, la Région Hauts de France et l’État, le projet prévoit la création de 130 emplois directs sur le territoire du Soissonnais. Le financement de l’usine sera soutenu à hauteur de 10,6 millions d’euros par l’État et l’Union européenne. La Région Hauts-de-France vient, elle aussi, de voter une subvention de 2 millions d’euros au projet qui marque le début de la création d’un écosystème autour de l’isolation avec l’arrivée de fabricants de biomatériaux « Notre territoire est revenu dans les radars, se félicite Alain Crémont, et notamment grâce à la labellisation territoire d'industrie qui permet aux porteurs de projets d’identifier des territoires comme le nôtre qui disposent de foncier à vocation industrielle ».
Actuellement, le secteur de la gare marqué par d’anciennes friches industrielles fait l’objet de toutes les attentions. Après sa réhabilitation complète, il sera composé d’un espace de transport multimodal mais aussi d’une halle composée de cellules artisanales, d’une grande salle polyvalente à vocation commerciale, culturelle et sportive (ouverte depuis 2020), d’un pôle automobile, de logements, commerces, services et activités économiques. L’un des projets les plus ambitieux verra le jour aux alentours de 2026. La friche dite « Baxi-Focast Picardie » à Villeneuve-Saint-Germain, une ancienne forge se verra métamorphosée en grande salle multifonction de type Arena pouvant accueillir des foires et des spectacles. Réalisé au cœur du Parc de la Fonderie, ce projet se veut exemplaire en matière de dépollution non agressive des sols. La technologie utilisée, la « phytoremédiation », utilise le métabolisme des plantes pour accumuler, transférer, dégrader, concentrer, stabiliser ou volatiliser les polluants contenus dans les sols.
« Aujourd’hui, l'idée c'est de pouvoir récupérer un bâtiment industriel avant qu'il ne soit trop dégradé et de le remettre sur le marché, avec un portage de l’Etablissement Public Foncier Local des territoires Oise & Aisne (EPFLO)», précise Florent Thevenin, le directeur général adjoint en charge de l’économie, du tourisme et de l’emploi.
Une offre concurrentielle à une heure de la capitale
« Nous avons su créer du foncier à partir de nos friches industrielles, il nous faut le vendre à présent » affirme le président de Grand Soissons. « Nous avons beaucoup souffert de l’enclavement de notre territoire, le seul du Sud de l'Aisne à ne pas être desservi par une autoroute. Bientôt, la RN2, une route nationale à deux fois deux voies jusqu’à Paris pour laquelle les élus soissonnais se sont battus pendant de longues années, permettra au territoire de proposer une offre foncière concurrentielle à une heure seulement de la capitale, explique le directeur général adjoint à l’Economie. Nous sommes sur un territoire où la part de l'industrie pesait historiquement et doit continuer de peser avec une logique de diversification pour éviter les erreurs du passé où des filières entières ont disparu laissant derrières elles des régions sinistrées ». Reste cependant un dernier point noir à lever pour améliorer l’attractivité de l’agglomération et attirer de nouvelles populations selon les élus. Ils souhaitent en effet une liaison ferroviaire directe de Soissons à l’aéroport de Roissy. Ce projet, appelé «virgule ferroviaire» consisterait à créer quelques kilomètres de voie ferrée pour raccorder la ligne Paris-Laon et la ligne à grande vitesse, à hauteur de Mitry-Mory, en région parisienne.
Au-delà du foncier, l’agglomération et la Ville de Soissons investissent dans des équipements et services de qualité comme le complexe aquatique Les bains du Lac ouvert en 2018, le nouveau spectacle de video mapping « Soissons en Lumières » ou encore la Cité de la Musique et de la Danse inaugurée en 2015. Pour le président, le dispositif ne saurait être complet sans la possibilité de proposer des formations supérieures de niveau master pour répondre à la demande des entreprises.
En 10 ans, GrandSoissons et la Ville de Soissons ont investi 200 millions d’euros sur des projets de transformation pour favoriser l’accessibilité du territoire et participer à son attractivité. En 2022, près de 136 millions d’euros d’investissements avaient été annoncés sur le territoire. L’agglomération lance aujourd’hui son accélérateur REV3, un dispositif de la région Hauts-de-France et de la CCI, pour soutenir les porteurs de projets d’innovation et entreprises innovantes engagées dans une démarche de transition à Impact Environnemental et Social. Localisé au Parc Gouraud, le dispositif comprendra un programme d’accompagnement et de formation d’une durée de 6 mois, ainsi qu’un système de parrainage avec les entreprises locales.
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