Après une expérience au sein de al’rmée dont il garde un certain sens de lo’ rganisation, Xavier Boivert a souhaité retrouver «la maîtrise de ses actions» dans l’univers de la territoriale, d’abord à Châteaubourg en 2010, puis à Mordelles en 2014. Huit ans déjà qu’il est à la direction générale des services de cette commune d’Ille-et-Vilaine, passionné par sa mission. Il est tr ès engagé également au sein du SNDGCT*.
RCL : De quelle manière mettez-vous à profit votre expérience acquise à l’armée?
Xavier Boivert : J’ai servi sous les drapeaux pendant onze ans comme commissaire des armées, un corps d’officiers qui gère principalement les questions de logistique, de droit et de finance. Cette expérience m’a appris la structuration du travail, la rigueur, le souci du détail mais aussi le respect de l’individu, de l’équilibre et de l’équité. Dans le monde communal où parfois les services sont éloignés physiquement de la mairie, il est important de créer un lien de confiance et rappeler aux agents que nous formons une équipe.
Qu’avez-vous retenu de la crise sanitaire que nous avons traversée ?
X.B. : La crise du Covid m’a replongé dans un contexte de gestion de crise militaire. Alors que planait le spectre d’un confinement, j’ai rapidement monté un centre des opérations et organisé une rotation des agents, techniciens et directeurs de manière à ce que les services de la commune continuent à fonctionner. À l’annonce du confinement, nous étions fin prêts. La difficulté était à mon sens de mettre en place un dispositif qui tienne sur la durée, un dispositif de solidarité également parce que nous nous sommes isolés les uns des autres durant cette période. Aujourd’hui, nous constatons la difficulté qu’éprouvent certains agents à revenir au travail et à fréquenter de nouveau les lieux de sociabilité. Ce retour à la normalité est d’autant plus difficile que le comportement des usagers lui aussi a changé, ils sont devenus plus exigeants, la fracture numérique s’est creusée, nous obligeant à accompagner certains publics. Ce sont des ruptures fondamentales dans la vie professionnelle qui s’accumulent et sont parfois difficiles à vivre.
La crise ukrainienne est à l’origine d’une envolée des prix de l’énergie. Comment gérez-vous la situation ?
X.B. : Cette crise agit comme un accélérateur sur la question de l’énergie. Mordelles est impliquée de longue date dans les questions du développement durable et de la transition écologique. Nous allons poursuivre les actions déjà mises en place, à savoir rationaliser l’utilisation de l’énergie, économiser, investir dans des modes de transport et de production plus frugaux et moins impactants pour la planète. Nous allons par ailleurs amplifier les efforts engagés en faveur des transitions à travers des actions comme l’extinction de l’éclairage public à certaines heures, l’acquisition de véhicules électriques, l’isolation des bâtiments mais aussi ce programme très ambitieux que nous portons, appelé Musé’O, un équipement pédagogique sur les rapports de l’homme à l’eau.
Quelles sont les ambitions de la commune ?
X.B. : À Mordelles, nous avons notamment de grandes ambitions en termes d’aménagement, autour d’un projet d’extension urbaine de la commune qui doit être conçu sans détruire l’agriculture qui l’accueille, et favorisant l’économie circulaire. Nous avons recruté un chargé de projet sur ces questions et mandaté un cabinet pour nous accompagner dans la définition de ce projet de ville-paysage. Ce concept inédit fait partie de notre transition.
Vous êtes également très engagé au sein du SNDGCT…
X.B. : Je suis très investi dans le SNDGCT et notamment les partenariats depuis plusieurs années. Ce rôle consiste à organiser l’animation des relations avec les partenaires nationaux du syndicat. Pour ne citer qu’un exemple d’action dans ce domaine, je suis particulièrement fier de participer au pilotage de la démarche innovante des Partenariats des Savoirs, qui réunit le SNDGCT, ses partenaires et des universitaires. J’ai notamment porté la question de la maîtrise des risques de demain. C’est un projet très dynamique, ce que nous ont confirmé les premières Assises des partenariats des savoirs le 25 mars dernier, où de nouvelles problématiques comme le numérique sont apparues. Nous travaillerons dans les années à venir sur la gestion des risques et les risques notamment psycho- sociaux du numérique. Je fais également partie de l’équipe qui pilote l’association de l’Union des dirigeants territoriaux de l’Europe (UDiTE), qui regroupe des associations de dirigeants territoriaux en Europe. Active depuis 30 ans, cette association fait la promotion d’une Europe décentralisée et qui doit s’appuyer sur l’administration locale. C’est une conviction forte que je partage que non seulement l’avenir des collectivités dépend des politiques européennes mais aussi que les politiques européennes dépendent de l’efficacité de leur mise en oeuvre par les collectivités. Là encore, je suis ravi de pouvoir m’investir dans un projet porteur de sens et utile à toute la profession.
Propos recueillis par Blandine Klaas
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