Pour porter efficacement un projet de renaturation, la chaîne d'experts à impliquer est dense et nécessite une vraie compétence de pilotage rappellent Luc Monteil, Président du Conseil International Biodiversité & Immobilier (CIBI) & Patrick Nossent, Président de CERTIVEA. Ils ont associé leur expertise en matière d'accompagnement des acteurs des territoires sur les enjeux de développement durable pour faire le point sur cette question cruciale
Les villes sont particulièrement exposées aux dérèglements climatiques. La multiplication des chocs – canicules, sècheresses, inondations, etc. - dans des zones déjà fragilisées par la pollution ou le manque d’espaces végétalisés ont des effets particulièrement néfastes pour les écosystèmes urbains et le quotidien des citadins.
Si de nombreuses collectivités se mobilisent depuis plusieurs années pour laisser plus de place à la nature dans nos villes, l’arrivée du Fonds vert représente une opportunité pour de nombreuses autres de pouvoir soutenir financièrement certains de leurs projets et passer à l’action en matière de renaturation à toutes les échelles qui composent la ville. Mais comment s’y prendre ?
L’Observatoire des villes vertes souligne dans sa 13ème enquête la nécessité d’accompagner les collectivités pour accélérer leur renaturation. Cependant, l’enquête révèle que près de deux tiers des communes (64%) manquent d’informations sur la mise en œuvre du Fonds vert et son volet renaturation. Pourtant, 96 % des villes interrogées souhaiteraient allouer cette aide à des travaux concrets de renouvellement urbain intégrant du végétal.
"Notre enquête confirme que les villes sont en demande d’un accompagnement global pour accélérer la renaturation de l’espace urbain. La pertinence de cet investissement ne fait plus débat, mais sa mise en œuvre demeure floue", précise Laurent Bizot, co-président de l’Observatoire et président de l’Union nationale des entreprises du paysage.
Des savoir-faire complémentaires pour plus de vivant
Pour accompagner ces projets de territoires durables, il faut tout d’abord des experts et des savoir-faire pour aider à ces transitions : écologues urbains, paysagistes- concepteurs, entreprises du paysage sont des acteurs essentiels et complémentaires à chaque étape d’un projet, qu’il soit public ou privé, pour réussir à préserver la biodiversité existante et agir pour sa reconquête.
Connaissance des milieux urbains, adaptation des solutions au projet, prise en compte de la dynamique des milieux, choix de conception et de végétalisation, travaux de paysage et de génie écologique, entretien des espaces, sensibilisation des citadins (...), chaque projet est différent et doit pouvoir, aidé de ces expertises, obtenir des réponses concrètes et adaptées
Donner les moyens humains et financiers à ce collectif d’experts pour accompagner durablement les projets est essentiel en phase conception, réalisation, rénovation et d’exploitation.
Des outils complémentaires pour plus de vivant
Il faut ensuite des outils pour guider l’action des acteurs publics comme privés en matière de prise en compte des enjeux de restauration de la biodiversité, que ce soit à l’échelle d’un bâtiment ou d’un quartier.
Les certifications HQE délivrées par CERTIVEA se répartissent en 3 familles : bâtiment, bâtiment durable et territoires durables. Elles permettent d’attester que l’aménagement d’un quartier, d’une ville, d’un territoire ou d’un bâtiment répond à l’ensemble des enjeux du développement durable. Elles s’adressent aux acteurs de l’immobilier et aux aménageurs, publics ou privés, indifféremment de la taille, du lieu, de la procédure et de la destination du projet.
Ces feuilles de route intègrent dans leur volet environnemental le thème « Nature et biodiversité » et notamment les enjeux associés à la protection et à la restauration des écosystèmes locaux, à la continuité et connectivité des trames vertes, à la protection de la faune, de la flore et de la nature en ville.
Le guide associé au référentiel HQE Aménagement Durable, élaboré par CERTIVEA et l’Alliance HQE, propose par exemple de suivre, tout au long d’un projet d’aménagement, le Coefficient de Biotope par Surface (CBS) qui décrit la proportion de surfaces favorables à la biodiversité (ou encore surfaces éco-aménageables) par rapport à la surface totale.
Les certifications HQE permettent ainsi de s’assurer d’une prise en compte optimale et contextualisée de la biodiversité dans le projet considéré.
Pour les acteurs qui souhaitent aller plus loin sur le thème de la biodiversité, un label BiodiverCity® peut être associé.
Le label BiodiverCity® Construction, porté par l’association CIBI (Conseil International Biodiversité et Immobilier), est né en 2013 avec un objectif : faire grandir la place donnée à la biodiversité dans l’acte de construire et les métiers de l’immobilier. Il s’adresse aux opérations de rénovation et de construction à l’échelle de l’îlot bâti. Deux autres labels sont également proposés par l’association pour accompagner les projets :
- BiodiverCity® Life qui vise les sites existants,
- BiodiverCity® Ready qui vise les projets d’aménagement de quartier (dont le
lancement est prévu en novembre 2023).
Ces outils s’appuient sur des référentiels techniques composés d’objectifs et d’actions à mettre en œuvre sur le projet. Accompagnés obligatoirement d’un écologue accrédité aux compétences vérifiées, ils poussent à la mobilisation de tous les acteurs du projet (MOA, MOE, architecte, paysagiste-concepteur, entreprises de paysage, exploitant du site) dans un objectif commun de préservation et de reconquête de la biodiversité à l’échelle d’un projet.
Les labels Biodivercity traitent de nombreux sujets parmi lesquels : la connaissance préalable des milieux, la prise en compte du contexte écologique local, la valorisation des continuités écologiques, la gestion de l’eau, la préservation des sols, l’accueil de la faune dans le bâti et la suppression des pièges, la gestion des espaces végétalisés, la végétalisation du bâti, la diversité des strates végétales, la diversité des usages, une modélisation du potentiel écologique (capacité, fonctionnalité, qualité écologique), la reconnexion des usagers au vivant pour revivre en ville des expériences de nature.
Les labels BiodiverCity® ont ainsi pour volonté de permettre au Maitre d’ouvrage de s’appuyer sur un processus exigeant mais adaptable au projet.
On ne peut que se féliciter que ces deux solutions complémentaires soient aujourd’hui identifiées parmi les critères de hiérarchisation des dossiers éligibles au « Fonds de renaturation des villes et des villages » du Fonds vert.
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