DIDIER CULTIAUX
Préfet de région (H). Ancien directeur général de la Police nationale.
Etre en sécurité, instinctivement chacun le sent, est se trouver à l’abri de risques et de violences. La sécurité est profondément républicaine, car elle est l’affaire de tous, donc de chacun, et unit les trois termes de la devise nationale: « liberté, égalité, fraternité ».
Liberté de penser, de circuler, de communiquer, de vivre en paix chez soi et avec les autres. Le préambule de notre Constitution, vivifié par la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, grave cette sécurité dans le marbre de l’état de droit. C’est pourquoi, dans ce cadre juridiquement sécurisé et avec ses prérogatives régaliennes, dont celle du monopole de la force, l’État a mission de protéger les citoyens et d’être le garant de la sécurité intérieure et extérieure. Égalité des droits à la sécurité et aussi des devoirs en résultant. La première des inégalités est l’émergence de « zones de non-droit », où s’impose la loi de la jungle, celle des caïds, des trafiquants de drogue, des petits malfrats, des caillasseurs de policiers, pompiers et même de soignants. Des citoyens tranquilles se trouvent ainsi emprisonnés dans des ghettos urbains. Or, la deuxième inégalité est la précarité économique et sociale qui frappe des familles modestes, souvent monoparentales, des chômeurs et des sans-abri. La troisième inégalité concerne notre sort dans la vie et devant la mort: certains, par le métier et par l’âge, sont plus exposés que d’autres aux risques accidentels ou mortels. L’épidémie de coronavirus le confirme de façon tragique. Fraternité. Elle doit inspirer et colorer nos besoins, nos attitudes et nos politiques de sécurité. Les caméras de voie publique et le traçage sanitaire numérique doivent être des outils de protection des individus et non du flicage. Le respect du « chez soi » doit s’arrêter à la répression des violences conjugales et familiales. Le civisme doit aussi inspirer durablement notre comportement sur la route et nos nombreuses actions solidaires singulièrement envers les plus fragiles. Enfin les politiques publiques doivent tendre à être plutôt préventives que curatives, tant il vaut mieux anticiper que réparer.
Que de défis pour tous derrière ce mot commun et si cher de « sécurité » !
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