Une tribune de Rosie Bordet, adjointe au maire de Saint-Georges de Reintembault (Ille-et-Vilaine) en charge du Développement économique, Actions culturelles, Tourisme, Vie associative et Communication
La pandémie que nous traversons avec ses confinements successifs n’a fait que confirmer un désir très partagé par les Français. Déjà en 2018, un sondage de l’IFOP révélait que pour 81% d’entre eux, vivre à la campagne représente la vie idéale. Depuis le printemps 2020, les témoignages dans ce sens se multiplient, le télétravail ouvrant de nouvelles perspectives et dynamiques. Les villages sont synonymes d’une meilleure qualité de vie et regorgent d’atouts déjà présents : espace, calme et aménités environnementales. Pour que cette aspiration devienne réalité certaines conditions sont à remplir afin de s’appuyer sur les forces vives des territoires ruraux.
Le village, au cœur des territoires
Le monde rural bénéficie d’un cadre de vie attractif avec de nombreuses aménités : paysage, qualité de l’air, biodiversité, silence, étendues non bâties et bâties, savoir-faire, prix de l’immobilier… Ces ressources locales constituent l’attrait principal des territoires ruraux et sont autant d’arguments d’installation des citadins qui redécouvrent ces atouts dans un contexte marqué par les crises actuelles et à venir. A ce jour, l’opposition entre modernité et ruralité n’a pas lieu d’être au regard des transformations qui existent sur les territoires, porteurs de projets innovants : agro-tourisme et développement des parcs naturels, modernisation et diversification des activités agricoles, mise en valeur des anciennes carrières… A l’instar du programme « Cœur de ville » initié par l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT), l’Association des Maires Ruraux de France propose de développer un programme « Cœur de village » qui valorise l’existant et doterait les communes d’un fond supplémentaire pour faire face aux défis de notre temps : transition énergétique, vieillissement démographique et territoires résilients.
Réduire les inégalités territoriales
Les inégalités territoriales recouvrent des réalités complexes. Certains territoires sont portés par les activités agricoles qui insufflent dynamisme économique. D’autres font face à un vieillissement de la population tel qu’il en devient difficile de penser un futur commun. Plutôt que de rappeler les fractures territoriales qui traversent notre pays, au risque de le fissurer, il est urgent de se concentrer sur les solutions à apporter. En effet, le rééquilibrage entre les centres et les périphéries ne se fera qu’à trois conditions. Le choix affirmé d’une couverture numérique de qualité (4G, 5G, haut débit) répondra aux difficultés des habitants des territoires ruraux en termes d’accès aux services publics, notamment en entérinant la télémédecine, mise en avant lors de la crise sanitaire. Le bon maillage territorial en termes d’accès au réseau est également une opportunité pour accroitre les possibilités de télétravail et faire venir sur ces territoires des cadres, des artisans… et autres professions à la recherche des aménités rurales et attachées à leur profession. Il est donc primordial d’être vigilant quant aux objectifs de l’État de couverture haut débit dans toutes les régions d’ici 2022. Renforcer la mobilité constitue également un des vecteurs pour réduire les inégalités territoriales et ainsi faire baisser la pression sur la congestion urbaine. A l’inverse de la fermeture des gares et lignes TER, de la baisse de fréquence des trains et des TGV, le réseau de communication ferroviaire gagne à être maintenu et renforcé pour valoriser nos territoires ruraux qui seront d’autant plus attractifs qu’ils seront connectés aux chefs-lieux et aux métropoles. Enfin, l’installation des citadins sur les territoires ne pourra constituer un changement de paradigme s’il n’y a ni écoles, ni médecins. Lutter contre les déserts médicaux et scolaires, promouvoir de nouveaux lieux d’accueil pour la jeunesse et les anciens, parier sur les acteurs des territoires ruraux et leurs savoir-faire sont autant de pistes pour faire face aux crises économiques, sanitaires, environnementales et sociales à venir.
S’appuyer sur l’expertise des élus locaux
La crise sanitaire a accentué les inégalités territoriales tout comme elle a mis en avant la pertinence de l’action locale. Créer les conditions nécessaires à une relance locale et durable se fera en renforçant les compétences et les moyens des communes - comme par exemple par l’instauration de Contrats de transition écologique locaux, aujourd’hui réservés aux intercommunalités. Il s’agit d’évaluer l’échelle pertinente pour l’action publique en suivant le principe de subsidiarité. Pour ce faire, s’appuyer sur le tissu local existant, avec ses forces vives dont la relation privilégiée entre les maires des petites communes et leurs administrés, est une évidence. En ce qui concerne l’aide financière aux personnes dans le besoin, l’INSEEE a déjà démontré que le périmètre communal est le plus adapté. Il y a urgence à mettre en œuvre et simplifier l’Agenda Rural développé par l’ANCT et valoriser l’expérience de terrain. Octroyons plus d’autonomie aux communes, osons la proximité : il fait déjà bon vivre dans nos campagnes.
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