« Parce que les villes amorcent leur transition, il faut en permanence réinventer le modèle communal car la société change. Elle a cette particularité dans la période que nous vivons de changer de plus en plus vite, de nécessiter de notre part une agilité de plus en plus accrue, une capacité à se parler, à s’entendre à se comprendre et à travailler les uns avec les autres, a estimé Stéphane Beaudet, président de l’AMIF, et maire d'Evry-Courcouronnes. Or nous sommes dans un paradoxe politique , dans la culture de l’individualisme et de la défiance vis à vis du politique. Et ceux qui portent le dessein commun ce sont aujourd’hui les élus. »
Evoquant la situation des collectivités locales, le président de l’AMIF rappelé que ces dernières « ont pris de plein fouet le pacte de stabilité en 2014-2015 avec 11 milliards d’euros d’économies sur les collectivités » et dénoncé la « nouvelle coupe de 10 milliards € de dotations de l’Etat dans les années qui viennent ». Sa municipalité qui avait subi une baisse de 70% de dotations de l’Etat entre 2010 et 2017 enregistre aujourd’hui une hausse conséquente de ses dépenses d’énergie, 1,7 M€ et doit désormais, comme toutes les autres, composer avec l’augmentation du point d’indice des fonctionnaires. Une équation de plus en plus complexe à résoudre pour l’édile « alors même et on l’a démontré durant la crise sanitaire, que c’est bien nous qui jouons le rôle d’amortisseur social et plus encore quand il y a une crise ». « Nous sommes disposés à travailler avec le gouvernement pour un pacte de confiance qui soit stabilisé, qui permette de donner de la lisibilité, a assuré Stéphane Beaudet. Avoir une vision à 5 ans est essentiel pour nous. Nous avons besoin de visibilité et de stabilité pour engager le changement ».
Patrick Ollier, le président de la métropole du Grand Paris a évoqué quant à lui les conséquences néfastes de la suppression du cumul des mandats avec « des députés qui certes sont élus légitimement, mais ne connaissent pas nos problèmes, ne vivent pas nos problèmes et ne peuvent pas en parler en connaissance de cause». L’autre problème , selon lui : l’absence d’aménagement du territoire car « à partir du moment où il n’y a plus d’aménagement du territoire, il est très difficile, même avec beaucoup de bonne volonté, de réussir à coordonner ».
Pour sa part, le premier adjoint d’Anne Hidalgo, Emmanuel Grégoire, a fait part au ministre de son insatisfaction. « La prévision d’une nouvelle baisse des dotations de l ‘Etat aux collectivités locales n’est ni souhaitable ni soutenanble ». Ce qu’il souhaite, c'est trouver un chemin de portage politique des enjeux à envergure nationale ensemble avec l’Etat.
Christophé Béchu, ministre délégué chargé des Collectivités Territoriales et actuel maire d’Angers, a reconnu une situation très paradoxale. « Quand on fait une photo de la situation des collectivités locales au 1er janvier 2022, la photo est excellente. Globalement la capacité d’épargne de nos collectivités entre 2017 et 2022 s’est améliorée. Dans un contexte de guerre en Ukraine, d’inflation, de dégel du point de la fonction publique qui pour une commune représente 50% des dépenses de fonctionnement, fait qu’en l’espace de quelques mois les conditions ont changé, nous commençons à avoir des interrogations et des inquiétudes sur les avenants que nous devrons passer pour finir les chantiers dont les prix ne cessent d’augmenter, on ne sait pas comment les plans pluriannuels d’investissement pourront être tenus à court et moyen terme… ». Ces questions seront au cœur des discussions dans les semaines qui viennent a-t-il assuré.
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