Ville et banlieue : des élus inquiets pour l’avenir de leurs territoires

L'élu et le citoyen
21 septembre 2023

A moins de trois semaines du prochain comité interministériel des villes (CIV) prévu le 9 octobre prochain, les élus des villes populaires ont exposé, lors d’une conférence de presse organisée le 20 septembre à Paris, leurs inquiétudes et leurs attentes pour les territoires qu’ils représentent. Face à l’urgence sociale, éducative, sanitaire ou encore écologique, ils souhaitent des réponses fortes, structurées et durables.

 

Dans ces villes et quartiers populaires, les émeutes survenues l’été dernier ont laissé des stigmates encore bien visibles et une fois encore, les maires ont été en première ligne. En cette rentrée 2023 marquée par la dégradation du niveau de vie des populations déjà fragiles, en raison d’une inflation des prix galopante et de la hausse du coût de l’énergie, la situation déjà tendue risque de s’aggraver si rien n’est fait. « Le moment est particulièrement important pour qu’il y ait une prise de conscience et une prise de parole fortes qui soient à la hauteur des besoins de nos habitants, à qui nous n’arrêtons pas de promettre un espoir qu’ils ne voient jamais venir, a expliqué Catherine Arenou, première vice-présidente de l’association Ville et banlieue et maire de Chanteloup-les-Vignes (Yvelines). « En l’absence d’un acte fort pour non seulement prendre en compte les difficultés actuelles mais aussi les difficultés à venir dans ces quartiers, ce ne sont plus 35% qui seront en dessous du seuil de pauvreté dans nos quartiers dans six ans mais 60%. Quand vous concentrez des précarités et les problèmes, vous concentrez l’insatisfaction qui se transforme en éruption » craint l’élue. « On est inquiets pour ces territoires où les habitants sont les plus fragiles. Faisons en sorte qu’à l’issue du CIV on puisse sortir des positions concrètes et des financements » a lâché Saïd Rahmani, Vice-président de l’association et adjoint au maire de Sarcelles (Val d’Oise).

La question du droit commun dans ces quartiers est sur toutes les lèvres. « La république de proximité dans ces territoires, c’est nous. On nous demande à travers la politique de la ville de financer du droit commun » dénonce Saïd Rahmani. « Nous sommes des faiseurs de République au quotidien. Au-delà de la question des moyens, nous avons besoin que l’Etat revienne dans les quartiers » a ajouté Damien Allouche, secrétaire général de l’association et maire d’Epinay-sous-Sénart, dans l’Essonne. Concrètement, les maires réclament plus de moyens pour renforcer les politiques éducatives, avec par exemple la poursuite des cités éducatives qui jusqu’à présent ont fait leurs preuves, la mise en place des politiques alimentaires face à l’explosion des prix et de politiques sportives dans ces territoires qui comptent beaucoup moins de licenciés que dans le reste du pays. « En lien avec les JOP 2024, pourquoi ne pas mettre en place des cités sportive ? a proposé Gilles Leproust, président de Ville et Banlieue et maire d’Allonnes (Sarthe). Les maires souhaitent également trouver des solutions à la crise des vocations dans les quartiers, soutenir le tissu associatif extrêmement fragilisé depuis la crise sanitaire « afin qu’il retrouve les moyens d’agir » et aussi y faire revenir la justice et la police. Et surtout, les élus de l’association pensent qu’ « il est nécessaire de construire avec les habitants » sans oublier la mise en œuvre de politiques tournées vers la jeunesse. Les violences urbaines de l’été 2023 ont montré l’implication de très jeunes citoyens, un phénomène qui tend à s’amplifier, selon les élus.

 

Prendre en compte le changement climatique

 

Les maires refusent également que leurs quartiers soient « les oubliés de la transition écologique » et deviennent les premières victimes de la crise climatique. « La transition écologique est fondamentale dans ces quartiers peu dotés d’espaces verts et dont les bâtiments sont souvent mal isolés, provoquent une hausse des charges pour les locataires, entraînant des difficultés financières pour nombre d’entre eux» a souligné Jean-Luc Girault, vice-président de l’association et adjoint au maire de Lyon (Rhône). « On sort d’une canicule, beaucoup de ces quartiers sont touchés par le phénomène des îlots de chaleur. Il faut que la transition écologique soit une priorité dans ces quartiers » a renchéri Anne-Claire Boux, trésorière de Ville et Banlieue et adjointe à la maire de Paris. Quant à la crise du logement qui se profile, les maires réclament des solutions pérennes, conscients que les citoyens les plus pauvres seront une fois encoreles plus impactés.

Mais comment agir sans moyens suffisants ? Aujourd’hui, la politique de la ville c’est 1% du budget de l’Etat et concerne 8% de la population, précise l’association qui réclame « des moyens à la hauteur des enjeux de ces territoires » et souhaite des contrats de ville mieux adaptés à leurs besoins. « C’est le moment d’écouter, après il sera trop tard » a prévenu Catherine Arenou.

 

 

 

 

Paroles de maires

RCL
Question :
Un maire, donc OPJ, peut-il l’être en dehors de sa commune ?
Réponses :
Non, il est élu OPJ sur sa commune.
Tous les pouvoirs du Maire en tant que représentant de l'Etat ne lui sont octroyés que sur son territoire.
Non uniquement dans la commune où il est élu maire.

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