Alors que les prix du gasoil et de certaines denrées de première nécessité flambent, pour redonner un peu de pouvoir d’achat à leurs habitants, les maires de France ne manquent pas d’initiatives. Explications.
Avec la hausse du prix de l’énergie, des carburants et de certaines denrées de première nécessité, le pouvoir d’achat revient en force dans le débat public, renvoyant le chef d’État à la case départ de son quinquennat marqué par la crise « des gilets jaunes ». En dépit des quelque 17 milliards d’euros dégagés par l’Exécutif, la quasi-suppression de la taxe d’habitation, le « quoi qu’il en coûte » durant la crise sanitaire de la Covid-19 et plus récemment les indemnités d’énergie, rien n’y fait, le ressenti des plus démunis et des classes moyennes d’un appauvrissement mois après mois, prévaut. Alors dans les territoires, les collectivités redoublent d’initiatives, pour « mettre un peu de beurre dans les épinards ».
ACHATS GROUPÉS D’ÉLECTRICITÉ
Face à l’envolée des prix des dépenses contraintes, certaines communes s’organisent pour tenter d’alléger les factures en regroupant les consommateurs afin de négocier les prix. Si le concept est en vogue depuis quelques années porté par des associations, désormais, ce sont les villes qui passent à l’acte. La ville de Pierre-Bénite (Rhône) de 10 000 habitants innove et lance des achats groupés « pour consommer du gaz et de l’électricité mieux et moins cher ». Même initiative à Hendaye dans les Pyrénées-Atlantiques. La ville pro- pose à ses administrés de souscrire en- semble à un même contrat de gaz ou d’électricité pour obtenir des tarifs plus faibles auprès des fournisseurs. Résultat : jusqu’à 15 % de moins sur la facture à la fin du mois. Hendaye lance ainsi cette année sa troisième campagne. En Essonne, la commune de Paray-Vieille- Poste se lance aussi dans les achats groupés, tout comme Vignemont dans l’Oise, qui joue les intermédiaires entre les habitants et les distributeurs de fioul domestique. Grâce à cette initiative, la commune de moins de 500 habitants parvient à obtenir un tarif de groupe à 85 centimes le litre contre environ 88 centimes actuellement. Mérignac en Gironde et la commune de Tréguier dans les Côtes-d’Armor, ont elles aussi réagit à l’envolée des prix. Quant à la commune de La Roche-Jaudy (Côtes-d’Armor), elle n’a pas attendu la flambée du gasoil pour mutualiser les achats d’énergie. Depuis trois ans, l’économie réalisée pour les habitants qui y ont souscrit est estimée à 45 000 € par an.
MUTUELLE COMMUNALE
Trois millions de Français n’ont pas les moyens de s’offrir une mutuelle, faute de revenus suffisants. Pour réduire les coûts, plus de 4 000 communes offrent aujourd’hui à leur population la possibilité de souscrire à une mutuelle communale, moins chère. À Reims dans la Marne, alors que 15000 habitants ne sont pas couverts par une complémentaire santé, la ville a mis en place une mutuelle communale, négociée à des tarifs préférentiels. C’est aussi une première dans les Bouches-du-Rhône ! La ville d’Istres a lancé également une mutuelle communale pour donner un coup de pouce au pouvoir d’achat de ses administrés en négociant des tarifs préférentiels avec la mutuelle. Saint-Paul à La Réunion, lui emboîte le pas en proposant une mutuelle communale Solidaire, une offre inédite et innovante. Le maire de Saint-Paul et le directeur général délégué du Groupe des Caisses Réunionnaises Complémentaires (CRC) ont signé la convention de partenariat en janvier dernier. Et certaines municipalités vont même plus loin. Après une première expérience réussie avec la Mutuelle Communale, la ville de Tarare (Rhô- ne) crée « la Maison du pouvoir d’achat ».
DISTRIBUTION DE CHÈQUES ESSENCE...
Pour les salariés à revenus modestes, le budget de déplacement peut devenir un frein à l’emploi. Afin que le coût de dé- placement ne soit pas dissuasif, de nombreuses villes ont mis en place, au travers du centre communal d’action sociale, un dispositif d’aide spécifique : l’attribution de bons d’essence, à l’image du Lude, une commune du département de la Sarthe et de la région Pays de Loire, qui a décidé d’aider ses habitants face à la forte hausse des prix du carburant. Des bons d’achat d’une valeur de 30 euros ont été proposés à tous ceux qui prennent leur voiture pour exercer leur activité professionnelle. Sans condition de ressources, ce coup de pouce s’adresse plus précisément aux habitants qui travaillent à p lus de 10 km du Lude. D’après le journal Ouest-France plus de 200 bons ont été distribués. À Castres dans le Tarn, cette aide au dé- placement proposée par la ville, se traduit par l’attribution mensuelle d’un bon d’essence de 35 euros. Pour en bénéficier, il faut habiter la ville depuis au moins six mois, effectuer un trajet d’au moins 7 km pour se rendre sur son lieu de travail, être salarié depuis au moins un mois en contrat à durée déterminée ou indéterminée, ou enfin être salarié en contrat aidé ou stagiaire rémunéré dans le cadre d’un dispositif d’insertion. Par ailleurs, le bénéficiaire ne doit pas dépasser un niveau de ressources fixé à 932,40 € net par mois pour une personne seule, plafonné à 1349,31 € net par mois pour deux per- sonnes ou plus à charge. À Neuville-sur-Margival, une petite commune de l’Aisne de 123 habitants, le maire, quant à lui, a pris une initiative bienvenue. Il a attribué le budget de quelques cérémonies annulées à une carte essence offerte à chaque foyer d’une valeur de 30euros. Un petit coup de pouce très apprécié par les habitants.
...ET DE CHÈQUES ÉNERGIE
À Grenay (62) dans le Pas-de-Calais, 1600 familles ont bénéficié du chèque énergie de l’État. Souhaitant leur donner un coup de pouce supplémentaire, la ville a décidé de leur offrir des bons d’achat de 50 € . La ville de Saran dans le Loiret vole, quant à elle, aux secours des anciens. En effet, la municipalité proche d’Orléans, a fait savoir qu’elle renouvelait son opé- ration «allocation chauffage». Les habitants de la ville âgés de plus de 62 ans pourront ainsi toucher 375 euros en fin d’année s’ils répondent aux critères de ressources fixés par la ville. L’an dernier, 109 personnes ont bénéficié de cette aide. « Les bénéficiaires doivent avoir un seuil de revenus mensuels ne dépassant pas 1088,77 euros pour une personne seule et 1689,38 euros pour un couple », a expliqué la mairie dans un communiqué. De nombreuses villes ont mis en place, au travers du centre communal d’action sociale, l’attribution de bons d’essence.
Danièle Licata
Inscrivez-vous dès maintenant sur le groupe Facebook Paroles de Maires pour obtenir des informations quotidiennes sur l'actualité de vos missions.