Plus de deux ans après le début de la crise sanitaire ? Comment s’exprime la générosité des Français dans un contexte marqué par la guerre en Ukraine et l’inflation, sur fond de campagne électorale ? La troisième édition du baromètre « La solidarité à l’épreuve des crises » réalisé par Ipsos pour Apprentis d’Auteuil auprès des Français et des hauts revenus fait le point.
Si près de la moitié des Français déclare avoir fait au moins un don en 2021 (48%), soit à peu près autant qu’en 2020 (49%), ils sont un peu moins nombreux qu’en 2019 (51%) selon l’étude. Donc un indicateur légèrement en baisse, pouvant en partie s’expliquer par la perte du pouvoir d’achat résultant du retour de l’inflation, avec toutefois une augmentation des jeunes donateurs (52% des moins de 35 ans déclarant avoir fait un don en 2021).
Des montants déclaratifs moins élevés
Les résultats du baromètres montrent que l’élan de solidarité lié à la crise n’aura finalement pas duré. Ainsi, en 2021, les donateurs ont donné en moyenne 274€, soit 30,6% de moins qu’en 2020 (395 €) et même 8,6% de moins qu’avant la crise sanitaire (300€). Même constat (dans une moindre mesure) pour les hauts revenus, qui ont donné en moyenne 2191€, soit 11% de moins qu’en 2020 (2463€), mais 2,4% de plus qu’en 2019 (2140€). Explications de Stéphane Dauge, directeur communication, relations bienfaiteurs et ressources de la Fondation Apprentis d’Auteuil : « Les Français avaient massivement répondu aux appels résultant des besoins découlant du premier confinement et de la plongée dans la crise sanitaire. Même en restant uniquement sur les dons ayant fait l’objet d’une déclaration de la part des foyers imposables, Bercy constatait, au titre des déclarations de revenus 2020 et pour la première fois depuis 2013, une augmentation cumulée du nombre de foyers ayant déclaré un don (4,9M ; +3,4%) et du montant moyen des dons déclarés, passés de 550 à 570€. Fin 2021, période de l’année la plus propice à la générosité, les inquiétudes sur le pouvoir d’achat, découlant notamment de la hausse des prix sur l’énergie, a certainement pesé sur des dons que de nombreux acteurs associatifs disent être redescendus au niveau de 2019.»
La solidarité de circonstance met à mal les autres causes
Confrontés à cette guerre à l’Est de l’Europe, les Français ont exprimé massivement leur solidarité, notamment à travers des dons. Ainsi, près de la moitié de la population déclare avoir fait ou prévoir de faire un don pour aider les réfugiés ukrainiens ou les victimes du conflit en 2022 (parmi lesquels 17% ont déjà fait un don et 29% prévoient de le faire). Parmi les hauts revenus, près d’un sur deux a déjà réalisé un don pour aider les Ukrainiens (46%), et 27% comptent en faire un en 2022 (73% au total). Des dons exceptionnels qui entrent en concurrence avec les dons “habituels” notent les auteurs de l’étude : parmi les Français qui ont fait un don en 2021, 1 sur 5 envisage de donner moins que d’habitude pour les autres causes car il a fait ou prévoit de faire un don pour les Ukrainiens (20%). Le constat est encore plus marqué pour les donateurs disposant de hauts revenus, dont plus de 2 sur 5 envisagent de réduire leurs dons pour les autres causes car ils ont fait (ou comptent faire) un don pour les Ukrainiens (41%).
Des dons affectés par la baisse du pouvoir d’achat
Sur le premier trimestre 2022, la part de donateurs, portée par la solidarité pour l’Ukraine, est en hausse par rapport à la même période en 2021 (29%, +4 points et 63%, + 12 points chez les hauts revenus). Quant aux intentions de dons pour le reste de l’année, elles sont stables pour le grand public (50%) et en hausse pour les hauts revenus (82%, +5 points). In fine, la majorité des Français (54%, stable vs 2021) et 84% des hauts revenus (+3 points) a donné ou projette de donner en 2022. Si la majorité des donateurs à hauts revenus prévoit de donner des montants plus élevés en 2022 qu’en 2021 (57%, + 9 points vs 2021), les autres donateurs sont plus partagés. Ainsi, 25% (+8 points) des Français comptent moins donner, voire ne plus donner cette année, ce qu’ils justifient avant tout par la baisse du pouvoir d’achat (57%) et la peur face à l’inflation (36%). In fine, les dons pourraient être doublement affectés par l’inflation : à la fois car une partie des donateurs compte donner moins et parce que les frais des associations pourraient augmenter.
La santé et la recherche médicale restent en tête des causes pour lesquelles les Français souhaitent donner (32%), devant l’aide aux personnes démunies et les situations d’urgence (à égalité à 27%), la défense des animaux (20%) et l’enfance, la jeunesse et l’éducation (17%, en 3ème position à 37% pour les hauts revenus).
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