DÉCRYPTAGE. Comme tous les maires de France, vigies de la République, Denis Thuriot, qui vient d’être réélu à Nevers et qui préside le conseil de surveillance du centre hospitalier de l’agglomération, fait front contre les conséquences du coronavirus. Récit d’un édile qui ne flanche pas.
RCL: Quelle est la situation dans votre ville ?
Denis Thuriot : À l’heure où je vous parle [30 mars, NDLR], la situation est pré- servée sur le territoire. Il n’y a rien de dramatique, rien de caché. On est plutôt bien lotis par rapport à d’autres villes et régions. Nous sommes très peu impactés. Pour autant, cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas respecter les règles de confinement. Au contraire, c’est main- tenant que tout se joue. Si nous restons confinés, nous pourrons être alors optimistes, mais nul n’est prophète.
Face au manque général de masques, de gel... de matériel, quelle situation décrivez-vous aujourd’hui à Nevers?
D. T. : Je suis en train de faire venir 10 000 masques en provenance de notre ville jumelle chinoise, Taizhou, qui n’en a plus besoin, afin de les distribuer aux hôpitaux, aux cliniques, aux libéraux, aux Ehpad et aux services publics.
Quelles sont les mesures concrètes que vous avez-vous mises en place?
D.T.: Nous maintenons le ramassage des ordures au même rythme. Les agents sont bien équipés et donc bien protégés. C’est important de préserver l’état de salubrité de la ville pour éviter d’autres types d’infections. En revanche, le ramassage à domicile pour les encombrants a été interrompu pour éviter aux agents tout contact avec la population. Pour ce qui est des transports, la population entre par l’arrière des bus et la vente à l’unité de tickets a été interrompue pour éviter une fois de plus tout contact avec les chauffeurs. La location des vélos en libre-service a été stoppée, tout comme la circulation du bus électrique qui traverse la ville dans lequel la proximité est inévitable. Par ailleurs, le parking gratuit au centre-ville est sans limite d’heure pour éviter aux automobilistes de changer de place toutes les deux heures. Quant aux services publics, le télétravail a été déployé à grande échelle, nous avons limité l’ouverture de la mairie à quelques heures le matin pour ne traiter que les priorités. En revanche, j’ai maintenu, voire renforcé, les équipes de police municipale pour surveiller les biens, les commerces et les équipements publics, et, bien sûr, s’assurer du respect des mesures de confinement.
Comment vivez-vous cette crise sanitaire ?
D. T. : De façon très attentive, en essayant de faire au mieux pour mes habitants. Face à la propagation du virus, nous, les élus, devons être très réactifs. Notre responsabilité porte sur l’organisation de la ville en temps réel pour satisfaire au mieux les attentes des administrés. Et il est de notre devoir de les rassurer. C’est pourquoi, je communique avec les Nivernais au quotidien, via mon compte Facebook. Et les questions abondent, car, comme partout en France, l’inquiétude est palpable depuis les déclarations du gouvernement quant aux mesures de confinement et à la propagation du virus.
Que ressortira-t-il de cette crise sanitaire ?
D. T. : L’engagement total du corps médical au service de la population, mais aussi de nombreux corps de métiers qui continuent à exercer leur profession sans compter au risque de leur vie pour assurer le quotidien des Français. Aujourd’hui, les défis sont de taille; le plus urgent est sanitaire. Il faut vaincre le virus et, pour cela, le confinement est inévitable. Viendra ensuite la nécessité de relancer la France affaiblie. Il en res- sortira, sans nul doute, beaucoup plus de solidarité entre les populations, entre les générations. Et on le constate déjà: le dis- positif lancé cet été, « nos jeunes veillent sur nos aînés », qui consiste pour les premiers à consacrer du temps aux per- sonnes âgées moyennant la possibilité de passer son permis gratuitement, vient d’être relancé, et les jeunes répondent une fois de plus présents. Au-delà de la solidarité, il en ressortira la nécessité de revoir notre logiciel, avec le besoin de re- localiser des pans de nos industries et favoriser davantage le télétravail. Et, enfin, l’urgence de lutter efficacement contre les « zones blanches » et d’apporter une réponse à la fracture numérique qui touche encore beaucoup de Français. Car dans cette crise que nous traversons, Internet reste le seul lien avec le monde extérieur.
Propos recueillis par Danièle Licata
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