FOCUS. Le bilan est terrible et les destructions massives. La nuit du 14 au 15 octobre va laisser une vilaine cicatrice dans le département de l'Aude qui continue de panser ses plaies.
En quelques heures, 20 à 30 litres d'eau au mètre carré se sont abattus sur une zone située au nord de Carcassonne (11), soit l'équivalent de trois mois de pluie. Ces averses diluviennes ont fait gonfler l'Aude et ses affluents qui sont subitement sortis de leur lit et ont tout emporté sur leur passage. Les communes n'ont pas été épargnées par ce désastre naturel.
Près de 1 000 km de routes départementales ont été touchées par les intempéries. Durant les très violentes averses, 50 routes ont été totalement coupées et 4 ponts détruits. En tout, une centaine d'ouvrages d'art ont été impactés par cette catastrophe. La facture des réparations du réseau routier devrait avoisiner près de 25 millions d'euros, selon les premières estimations des autorités. Le président de l'association des maires de France, François Baroin, n'a d'ailleurs pas manqué de saluer le courage des élus du département dans son discours de clôture du 101e congrès des maires.
Pour financer la remise en état des infrastructures, le conseil départemental a débloqué une enveloppe exceptionnelle de 21 millions d'euros; l'État s'est, pour sa part, engagé à indemniser les biens non assurables des collectivités, comme les routes, les réseaux d'eau et les bâtiments publics, à hauteur d'au moins 80 millions. Ce fonds, qui sera géré par le préfet, « sera évidemment, dans son montant final, fonction de l'ensemble des constats qui seront faits », a déclaré le président Emmanuel Macron, durant une visite sur les lieux des sinistres à la fin octobre.
Sans attendre le retour des missions d'évaluation des dégâts, une première aide de 16 millions d'euros a été accordée, le 5 novembre. Parallèlement, Jacqueline Gourault, la ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales, et Gérald Darmanin, le ministre de l'Action et des Comptes publics, ont signé un décret autorisant des versements d'avances sur le fonds de compensation de la TVA aux collectivités territoriales afin qu'elles disposent d'une trésorerie supplémentaire pour faire face aux dépenses liées à cette crise. « Ces moyens permettront au préfet de verser des avances aux collectivités aussitôt qu'elles engagent des travaux de reconstruction », indique un communiqué gouvernemental. L'État a aussi annoncé qu'il allait rembourser pendant six mois à 100 % les frais engagés par les collectivités pour l'hébergement d'urgence des sinistrés. Le fonds Barnier pourra, lui, financer le déplacement de certains bâtiments qui étaient construits dans des zones inondables jusqu'à 100 % du coût. Créé par la loi nº 95-101 du 2 février 1995, le fonds de prévention des risques naturels majeurs avait pour mission originelle de financer l'expropriation de biens exposés à un risque naturel mettant en danger des vies humaines. Aujourd'hui, ce programme intervient pour l'indemnisation des catastrophes naturelles qui n'est pas prise en charge par l'assurance habitation. L'expropriation de biens exposés à un risque naturel majeur est, pour sa part, subventionnée à 100 % par le fonds tout comme l'acquisition amiable de biens exposés à un risque naturel majeur.
Pour accélérer le traitement des procédures et le versement des indemnités, l'État a décidé de porter de 126 à 204 le nombre de communes déclarées en état de catastrophe naturelle. Dans certains villages, les travaux ont déjà débuté alors que dans d'autres, tout ou presque reste à faire. « Chaque commune est un cas particulier, assure Guillaume Vincent, le responsable de l'Association des maires de l'Aude (AMA). Tous les dossiers passent par le conseil départemental vu l'ampleur des dégâts. » Mais les drames sont également l'occasion de révéler le meilleur chez autrui.
Ces inondations ont, en effet, encouragé des communes à proposer leurs aides aux villages les plus touchés. Face à ce raz-de-marée de soutien, le département a décidé de centraliser les dons faits par les collectivités dans un fonds baptisé Solidarités communes audoises 2018. Les sommes récoltées seront intégralement redistribuées aux communes sinistrées en partenariat avec l'AMA. Une semaine après le drame, près de 8 millions d'euros avaient déjà été amassés; les conseils départementaux de la Haute-Garonne et de l'Hérault se sont notamment engagés à verser une aide de 1 million chacun, et la Gironde a promis de donner 400 000 euros. Le soleil vient toujours après la tempête.
TRÈBES : UNE NOUVELLE FOIS TOUCHÉE DE PLEIN FOUET
Un malheur n'arrive jamais seul à Trèbes (11). Le 23 mars, cette commune de moins de 5600 habitants a été touchée de plein fouet par un attentat terroriste, durant lequel un djihadiste de 25 ans a tué un boucher et un client du supermarché Super U, avant d'abattre le lieutenant-colonel de gendarmerie Arnaud Beltrame venu s'offrir en otage à la place d'une femme. Durant la nuit du 14 au 15 octobre, les inondations ont coupé la ville en deux. Dans la zone sinistrée au sud, l'école, la piscine et la maison de retraite vont devoir être rasées et reconstruites au nord. Plus de 350 familles ont, elles, dû être hébergées chez des proches ou dans des logements provisoires. Une triste loi des séries.
À RETENIR
14 personnes décédées et 99 blessés.
80 MILLIONS d'euros d'aides promises par l'État.
8 MILLIONS d'euros versés en une semaine par des communes solidaires.
Source: Gouvernement.
Frédéric Thérin
Inscrivez-vous dès maintenant sur le groupe Facebook Paroles de Maires pour obtenir des informations quotidiennes sur l'actualité de vos missions.