" La région Île-de-France, c'est 1 Md€ de commandes publiques par an "

Finances locales
08 avril 2019

Stéphane Salini, vice-président en charge des Finances présente la nouvelle stratégie Achats responsables de la Région Île-de-France. Au programme, performance financière et responsabilité sociétale.

RCL: Quelles sont les grandes lignes de la nouvelle politique Achats de la région ?
Stéphane Salini : Notre politique Achats a complètement évolué depuis deux ans, avec un service désormais centra- lisé et la création récente d’une centrale d’achats régionale; le tout piloté par un directeur accompagné de 75 agents. La région Île-de-France c’est 1 Md€ de commandes publiques par an. Sur cette base, nous avons complètement changé de paradigme. Nous sommes passés d’une culture administrative, centrée principalement sur la sécurisation des procédures à une logique beaucoup plus globale avec, entre autres, des objectifs clairs sur la performance économique, mais aussi sur la qualité, l’innovation, le développement du territoire, et sur l’aspect social et solidaire des achats respon- sables. C’est pourquoi nous avons signé la charte des Relations fournisseurs et achats responsables dans l’objectif d’obtenir le label « Achats responsables », en 2020. Nous nous étions fixés comme défi d’atteindre une économie de 100 M€ sur cinq ans; nous avons déjà réalisé 50 M€d’économies – 14 M€ en 2017 et 36 M€en 2018.

Comment êtes-vous parvenus à cette performance ?
S. S. : Comme toutes les collectivités, nous essayons de gérer au mieux les deniers publics sans trop compter sur les dotations de l’État qui diminuent chaque année. Pour parvenir à ce résultat, nous avons professionnalisé notre process achat et centralisé les besoins. La centrale d’achats est un formidable outil d’efficacité collective : là où 470 lycées passaient chacun un marché, une seule procédure sera lancée. D’une part, le fait de tout centraliser aide à mieux calibrer le juste besoin; d’autre part, cela nous donne une force d’achat plus importante, car nous achetons de plus gros volumes. C’est ainsi que nous faisons baisser les montants de nos achats sur tous les appels d’offres. Ajoutez à cela, des actions symboliques comme la renégociation des matériels informatiques et des services numériques dans les lycées ou encore la mutualisation qui nous ont permis de dégager 5 M€ d’économies. C’est aussi une manière d’être plus efficace.

Votre nouvelle stratégie repose également sur des valeurs sociales et solidaires...
S. S. : Nous essayons d’êtreplus vertueux à travers nos marchés, qui, effectivement, nous donnent la possibilité de tendre la main à des structures de l’économie sociale et solidaire (ESS). Ce soutien à l’ESS passe essentiellement par plus de clauses d’insertion et plus de marchés réservés dans nos marchés publics. Dans les contrats de travaux passés avec les fournisseurs, nous avons imposé des clauses sociales : nous sommes ainsi passés de 80000 à 110 000 heures d’insertion entre 2016 et 2018, permettant à certaines personnes un retour à l’emploi plus facile.

Et quelle est la place des entreprises au sein de cette nouvelle politique Achats ?
S.S. : Nous avions constaté que beau- coup d’entreprises ne se sentaient pas en capacité de répondre aux appels d’offres de la région, faute de temps ou par peur de la complexité de la procédure. Pour y remédier, nous avons travaillé en amont avec les fédérations pour leur faire savoir que la région souhaitait faciliter l’accès de ses marchés aux PME et TPE. En 2016, 64 % des marchés étaient réservés à ces catégories d’entreprises, une pro- portion qui est montée à 88 % en 2018. En valeur, les PME représentent 554 M€sur le 1 Md€ d’achats que nous faisons chaque année. Notre démarche environnementale complète la philosophie que nous avons vis-à- vis des marchés publics. Par exemple, tous les vêtements de travail et les équipements pour la protection des agents de la région sont en coton issu du commerce équitable.

Est-ce également un moyen de donner du sens à votre action politique ?
S.S. : L’achat public est, en effet, une formidable opportunité qui permet d’accompagner nos politiques publiques et, peut-être plus important encore, de tisser des liens sur les territoires. La centrale d’achats est un outil essentiel, qui va servir à la région, dans un premier temps, et aux organismes associés de la région. Ensuite, elle sera ouverte à d’autres collectivités qui nous en feront la demande, les petites collectivités, notamment, qui n’auront pas les moyens humains ni le volume nécessaire pour bien acheter. La centrale d’achats permet de donner un sens à notre action politique. Ainsi, nous avons la volonté, d’ici 2024, d’acheter en circuit court 100 % des produits destinés aux restaurants de nos lycées, dont 50 % en bio. Or, les agriculteurs franciliens ne sont pas en capacité de produire de telles quantités. Pour cela, nous allons favoriser le développement et la structuration des filières agricoles bio en Île-de-France, en donnant, notamment aux agriculteurs, une meilleure visibilité sur nos projets d’achats de denrées alimentaires, afin qu’ils puissent répondre aux marchés des lycées franciliens. Mieux acheter, c’est faire de notre politique d’achats un levier de modernité, et d’attractivité économique et sociale pour notre région.

La réorganisation du service Achats n’est-il pas un moyen de répondre à la nécessité de maîtriser les dépenses de la région ?
S.S. : Nous voulons être plus efficients dans notre dépense et le service Achats va répondre à ce besoin. Tout comme la réorganisation de la région. Lorsque nous déménageons pour regrouper l’ensemble des services sur un même site, c’est une efficience de travail pour les agents, mais également des économies pour la région. Pour continuer à identifier les économies possibles, nous avons créé une nouvelle direction en charge de l’évaluation des politiques publiques. Ainsi, nous conserverons celles qui fonctionnent bien. Pour les autres, qui fonctionnent plus difficilement, il faudra penser à les réorienter. Quant aux politiques publiques qui ne fonctionnent pas, il faut avoir le courage de les arrêter. Cela fait partie de notre démarche qui est celle de maîtriser l’argent public et d’être plus efficace, tout en privilégiant le social et le développement du territoire.

Propos recueillis par Blandine Klaas

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Question :
Un maire, donc OPJ, peut-il l’être en dehors de sa commune ?
Réponses :
Non, il est élu OPJ sur sa commune.
Tous les pouvoirs du Maire en tant que représentant de l'Etat ne lui sont octroyés que sur son territoire.
Non uniquement dans la commune où il est élu maire.

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