DOSSIER SPORT - QU’EST CE QUI FAIT COURIR LA FRANCE?

Dossier
08 juillet 2019

Un véritable phénomène de société : plus de 13 millions de Français s’adonnent régulièrement au running, à la quête de bien-être et de lien social. Une aubaine pour les collectivités, car les compétitions de running apparaissent comme un moteur d’attractivité économique et touristique.

Je cours, tu cours, il court, nous courons... Plus de 13,5 millions de Français s’adonnent à la course à pied, soit 27 % des plus de 18 ans, selon une étude BVA pour l’Union sport & cycle, le syndicat des entreprises du sport. Ils n’étaient que 500 coureurs réguliers en 1979, selon la Fédération française d’athlétisme (FFA). La pratique, venue des États-Unis et portée par des marques fait une percée dans l’Hexagone dans les années 1980 et 1990. C’est alors l’ère du jogging. En 2000, les villes, les associations et les entreprises redoublent d’imagination et lancent des courses à tout va: 3 millions de Français foulent alors le bitume. Bienvenue dans l’ère du running, car depuis quelques années, c’est carrément la folie.
Dans toutes les villes, les courses informelles poussent comme des champignons. Au total, environ 11 000 épreuves hors stade, organisées par la FFA, la Fédération française de triathlon (FFTRI) et la Fédération française de course d’orientation (FFCO), ont été recensées, en 2018, selon les chiffres du ministère des Sports.« Tous les deux ans, nous organisons l’urban trail, une course qui combine la pratique sportive avec un côté ludique, puisque le parcours permet de redécouvrir la ville. Un véritable succès », affirme Patrick Appéré, adjoint au maire de Brest (29), en charge du Sport et du Nautisme. « Et l’offre proposée ne cesse de se diversifier: courses sur route (ultra-marathons, 100 km, marathons, semi-marathons, 10 km, 5 km), trails, disciplines enchaînées (triathlons, raids multisports, bike and run), courses d’orientation, courses ludiques et à obstacles. Et les fédérations agréées par le ministère des Sports, les collectivités, les associations et les opérateurs privés participent activement au développement de ces manifestations sportives », peut-on lire dans la note du 19 mai 2019 no 17, publiée par le ministère des Sports.

BIEN-ÊTRE ET CONVIVIALITÉ
Toutes les tranches d’âges et tous les milieux sociaux s’y sont mis. Mais qu’est ce qui fait donc courir la France entière ? « Tout d’abord, c’est bon pour notre corps : le cœur et les poumons. Et puis, surtout, courir nous apporte du bien-être et de la “zénitude”. C’est chimique: le choc des pieds sur le sol provoque la sécrétion d’endorphine, une hormone appelée aussi l’hormone du plaisir. Celle-ci agit sur notre corps en limitant les effets de la douleur, mais aussi sur notre cerveau, car elle procure une sensation de bien-être. La vie est devenue nettement plus stressante et le besoin de relâcher les tensions est de plus en plus criant. Alors la France court et c’est une bonne nouvelle », commente le docteur Philippe Rodet, méde- cin urgentiste et spécialiste du stress.
Et puis, les Français sont de plus en plus attentifs à leur santé. Fini le temps où l’on montait dans sa voiture, se garait au parking, où l’on restait assis toute la journée devant son écran sans même se dégourdir les jambes. Depuis la campagne « Manger-Bouger », les Français ont pris conscience de la nécessité de surveiller leur alimentation et de faire de l’exercice physique. Et cou- rir est simple: une seule paire de baskets suffit. Dans un contexte de budget serré et où les salles de sport sont encore chères, le running possède l’avantage de son coût très réduit. Sans compter que la course à pied est compatible avec les emplois du temps de chacun et notamment des urbains.
Autre raison du succès, l’incroyable diversité des styles de course et l’esprit convivial qui règne désormais sur cette discipline. La volonté d’appartenir à une communauté, fait partie des tendances actuelles. Les grandes marques d’équipementiers et les entreprises spécialisées dans les outils numériques participent pleinement à ces nouvelles modalités de pratiques (Nike+ Run Club, ASICS FrontRunner, Garmin Team Running). À Paris, la communauté Adidas Runners Paris (ARP) rassemble plus de 60000 coureurs depuis trois ans. Ils sont répartis dans neuf équipes implantées dans différents quartiers de la capitale: Bastille, Sentier, Bir-Hakeim, Pigalle, Champs-Élysées, Batignolles, République, Odéon et La Villette. « Les outils numériques sont de plus en plus utilisés au service de ces nouveaux modes de pratique et de l’analyse des performances », expliquent les auteurs du ministère des Sports. « Si le jogging était avant tout d’une pratique individuelle, le running est un sport de partage, auquel on s’adonne pour retrouver aussi ses amis. Il crée du lien et de la cohésion. » « Le contexte social tendu entraîne un besoin de faire partie d’un groupe.
Ce lien social participe pleinement à la diminution du stress », explique de son côté le docteur Philippe Rodet.

LE RUNNING... MOTEUR D’ATTRACTIVITÉ
« Pour les collectivités, les compétitions de running apparaissent comme un moteur d’attractivité économique et touristique. Si les conseils régionaux et départementaux, ainsi que les communes ou établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) subventionnent certaines de ces manifestations sportives tout en s’appuyant de plus en plus sur des sponsors, leur rôle ne se limite plus à un simple partenariat financier. L’im- plication est plus stratégique et répond à un nouveau modèle économique. Le marketing sportif territorial et le développement économique des territoires (hôtellerie, restauration, shopping, transport) sont aujourd’hui des priorités », constatent les experts du ministère. C’est notamment le cas du marathon du Médoc qui s’appuie sur les caractéristiques locales pour proposer un par- cours à la fois sportif et culturel, associant découverte vinicole et gastronomique.
« C’est pourquoi, les villes ont donc un intérêt particulier à accueillir ce type de manifestations sportives et à les promouvoir au même titre que des activités touristiques », concluent les économistes.

Danièle Licata

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Un maire, donc OPJ, peut-il l’être en dehors de sa commune ?
Réponses :
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Tous les pouvoirs du Maire en tant que représentant de l'Etat ne lui sont octroyés que sur son territoire.
Non uniquement dans la commune où il est élu maire.

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