À la faveur du plan « Montagnes, Terres de vie Occitanie 2018-2025 », adopté en décembre 2018, un nouveau modèle d’accès aux soins s’organise dans la région qui compte 45 % de son territoire classé en zone de montagne. Avec pour objectif que tous les habitants de la région, quel que soit le lieu d’habitation, puissent bénéficier des soins dont ils ont besoin.
Dans les territoires de montagne, l’accès aux soins présente des difficultés liées à l’enclavement, mais aussi aux conditions météorologiques, qui rendent, pendant certaines périodes de l’année, les déplacements plus longs et plus compliqués. « Ce phénomène est renforcé par le vieillissement de la population qui rencontre des problèmes de mobilité, le tout dans un contexte où les médecins généralistes se déplacent de moins en moins. Or, circuler dans les zones montagneuses pose davantage de difficultés », explique Pascal Durand, directeur du premier recours de l’Agence régionale de santé (ARS) Occitanie.
Une situation constatée dans une majorité de communes montagnardes françaises et que leurs élus, réunis au sein de l’Association nationale des élus de la montagne (Anem), appellent à changer pour une égalité des soins pour tous. « Les élus de la montagne veulent un service accessible de médecine générale en vingt minutes maximum, d’urgence en trente minutes et de maternité en quarante-cinq minutes de trajet automobile. Dans les territoires très enclavés, le schéma régional d’organisation des soins doit inclure un système de transport sanitaire d’urgence par voie aérienne », détaille Annie Genevard, présidente de l’Anem. L’Association plaide aussi en faveur de l’assouplissement du cahier des charges relatif à l’installation des maisons de santé pluridisciplinaires en zone de montagne, la coopération transfrontalière ou encore le maintien d’un réseau hospitalier de proximité.
S’installer à la montagne, pour un médecin, correspond à des choix de vie autant professionnels que personnels. L’accompagnement des futurs médecins, par des incitations financières notamment, est une étape plus que nécessaire. L’attractivité de ces territoires dépend tout autant de la qualité de vie personnelle qu’ils y trouveront, à savoir du travail pour le conjoint, des écoles, une vie culturelle et un cadre de vie agréable. « Et ça, c’est le rôle des collectivités territoriales », estime Pascal Durand.
Si la région soutient des projets de création de maisons et de centres de santé pluriprofessionnels par l’attribution d’une subvention d’investissement aux collectivités, l’ARS Occitanie soutient, pour sa part, le fonctionnement au démarrage de ces structures installées en zones et quartiers prioritaires de la politique de la ville, jusqu’à 50 000 par projet. Elle propose désormais de développer ces aides dans les zones de montagne non couvertes par ces aides conventionnelles. « Certains territoires de montagne situés hors des zones d’intervention prioritaires sont exclus des régimes d’aides de l’État et de l’Assurance maladie. Pour les rendre attractifs, l’ARS a mis en place des aides spécifiques », détaille le docteur Éric Schwartzentruber, responsable du pôle des soins primaires à l’ARS Occitanie.
Ainsi, une aide forfaitaire à l’installation de 40 000 est versée sur trois ans aux médecins, à la condition toutefois qu’ils s’installent en exercice coordonné. Des mesures complémentaires sont prévues pour favoriser les stages des futurs médecins. Il s’agit d’un forfait transport et hébergement à hauteur de 200 supplémentaires par mois pendant les semestres de stage effectués en zone de montagne. Le même supplément mensuel est versé aux médecins généralistes maîtres de stages universitaires qui accueillent ces futurs médecins. Et les résultats sont là, se félicite-t-on à l’ARS, avec trois contrats déjà signés depuis le début de l’opération et onze demandes de contrats potentiels pour l’année 2020. Depuis peu, l’Agence propose également, une aide à l’investissement de 50 000 pour toute installation dans les stations de sports d’hiver.
« Il est compliqué d’exercer dans ces stations, reconnaît le docteur Éric Schwartzentruber. Avec une activité très variable selon les saisons et des pathologies à gérer, liées à la traumatologie de montagne. Il faut aussi équiper le cabinet en matériels d’échographie et de radiologie relativement onéreux. »
Les aides déployées par l’ARS Occitanie dans les zones de montagne ne sont toutefois qu’un complément à toute une panoplie de dispositifs aujourd’hui déployés dans le cadre du plan « Ma Santé 2022 » du ministère de la Santé. L’un des axes majeurs de ce plan consiste à renforcer l’exercice pluriprofessionnel, à savoir le travail en équipe, entre plusieurs professionnels de santé de nature différente, de manière à améliorer la qualité de la prise en charge « et, surtout, faire en sorte qu’il n’y ait plus d’exercice de professionnel de santé isolé », selon Pascal Durand.
L’objectif ? Constituer une véritable équipe de santé capable de s’occuper de patients de manière collégiale. L’idée étant d’avoir territorialement des équipes de santé pluriprofessionnelles qui prennent en charge la population d’un territoire, dans son accès aux soins de base et aux soins non programmés, mais également les patients âgés ou chroniques. « C’est un schéma typiquement adapté pour les zones comme celles de montagne », estime Pascal Durand.
Sur la région, 75 communautés professionnelles existent déjà, signe qu’une transformation importante du système de santé s’opère à l’heure actuelle. « En termes de santé publique, les perspectives de couverture des besoins de la population sont beaucoup plus intéressantes, car nous touchons beaucoup plus de monde. Avec l’idée que d’ici à quelques années, la totalité du territoire puisse être couverte par ces communautés et que tous les patients, quel que soit leur lieu de vie, puissent bénéficier d’une réponse à leurs besoins de soins courants. »
Classée au nombre des cinq grands piliers de la stratégie nationale, « Ma Santé 2022 », qui vise à développer l’usage des outils numériques dans la pratique des professionnels de santé – la télémédecine –, offre, elle aussi, des avantages, mais « il ne faut pas imaginer que cette solution va régler tous les problèmes d’accès aux soins », prévient Pascal Durand. « La technique ne résout pas le problème d’organisation. Il faut trouver les médecins spécialistes, organiser les rendez-vous et les patients doivent être accompagnées de personnels soignants pour la téléconsultation. » Ce dernier reconnaît toutefois son utilité auprès des professionnels libéraux du premier recours qui ont besoin d’être en lien avec l’hôpital et des spécialistes. La télémédecine peut aider à recourir à ces spécialités dans le cadre d’un système organisé avec un réseau de professionnels bien coordonné.
Blandine Klaas
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