DOSSIER LOGEMENT - Roubaix expérimente la maison à 1€

Dossier
08 avril 2019

S’inspirant du modèle des « Maisons à 1 livre de Liverpool », le maire propose de réhabiliter les logements anciens dégradés, apportant une réponse à la vacance qui représente 12 % du parc de la ville et à la pénurie de logements.

Les questions de logement représentent 50 à 80 % des sollicitations de nos permanences habitants, ce qui donne une ampleur de la tâche à accom- plir. Nous sommes convaincus que si nous voulons changer la donne progressivement sur le logement il faut trouver des solutions nouvelles », révèle Guillaume Delbar, maire Roubaix (59), qui a lancé dans sa ville une opération inédite en France: proposer des maisons à 1 €avec la contrepartie pour les acquéreurs d’y réaliser des travaux. « Il y a plus de 40000 logements à Roubaix, avec plus de 10 % de logements vacants, raconte le maire. Face à la crise du logement, on a tendance à penser qu’il faut construire plus, alors que nous avons sur la ville un réservoir de logements vacants, environ 5000 à Roubaix. Dans le même temps, nous avons plus de 5000 demandes de logements sociaux en attente. Or nous avons la particularité d’avoir un patrimoine ancien et très dégradé à gérer. » Deux années auront été nécessaires pour mener les études de faisabilité technique et juridique réalisées par la société publique locale d’aménagement La Fabrique des quartiers. Le dispositif roubaisien concerne un parc de maisons abandonnées appartenant à des bailleurs sociaux, à la métropole ou à la ville pouvant répondre à des besoins de personnes déjà pré- sentes sur le territoire. Les 17 maisons proposées sont réparties sur 4 des 5 secteurs géographiques que compte la commune. Des habitations sélectionnées suivant deux critères prioritaires : leur vacance et un niveau de vétusté avancé nécessitant d’importants travaux. De par leur taille, de 60 m2 à 145 m2, elles répondent à la diversité des besoins des familles.

DES CONDITIONS À RESPECTER
L’opération doit permettre à des personnes qui seraient sans doute restées locataires pendant des années d’accéder à la propriété à condition d’être primo-accédant et d’occuper le logement pendant six ans minimum pour éviter toute spéculation. « On est sur des conditions d’ac- cès social à la propriété très classiques. Les candidats doivent avoir les moyens de faire des travaux et d’entre- tenir la maison », précise le maire. Sur les 824 dossiers de candidature retirés à la Maison de l’habitat de Roubaix ou auprès de la SPLA La Fabrique des quartiers, à qui la ville a concédé la maîtrise d’ouvrage du projet, 74 ont donné lieu à un dépôt de candidature. Treize des dix-sept maisons ont été sélectionnées par les candidats qui vont donc expérimenter cette forme inédite d’accession sociale à la propriété et s’engager à réaliser les travaux selon trois scenarii proposés. L’idée étant qu’une partie des travaux soit réalisée en autoréhabilitation afin de baisser les coûts. Des subventions cumulées de l’Agence nationale de l’habitat (Anah), de la Métropole européenne de Lille (MEL) et de la ville de Roubaix, d’un montant de 32 000 ou 36 000 €, suivant les revenus, viendront aider les acquéreurs. Autre atout majeur, ces maisons seront rénovées avec de très bonnes performances énergétiques grâce à l’accompagnement du groupe EDF, qui s’est engagé au côté de la ville dans ce projet. Il mettra à disposition des futurs acquéreurs un ensemble de solutions leur permettant de maîtriser leur budget. Les actes de vente seront signés entre avril et août 2019 et les premières entrées dans les logements interviendront dès 2020, après travaux.

ÉTENDRE L’OPÉRATION
« C’est une expérimentation qui entre dans une logique de rénovation urbaine, affirme Guillaume Delbar. Ces 13 logements vont permettre de disposer d’un échantillon représentatif à l’échelle d’une ville qui est à 85 % en quartier prioritaire. L’impact pour le moment n’est pas encore significatif, mais ouvre des perspectives intéressantes. » Et d’évoquer l’impact positif de ces maisons rénovées pour le voisinage en termes de qualité de vie. À l’issue de l’expérimentation, la municipalité roubaisienne mettra à disposition un document méthodologique pour aider les municipalités qui souhaitent se lancer. Au vu du nombre de maisons dégradées, elle ne compte pas s’arrêter là et songe déjà à la manière dont elle pourrait amplifier cette première expérience. À condition de résoudre certaines difficultés à récupérer des maisons qui pour certaines constituent des biens sans maître et pour d’autres des successions qui s’éternisent. Pour Guillaume Delbar: « Plus on fera une ville de propriétaires, plus on sait que ce sera un élément de qualité de vie et d’implication des gens dans leur environne- ment. Tous les programmes sont complémentaires. Étant donné l’ampleur de la tâche dans notre ville, mieux vaut disposer d’un éventail de solutions le plus large possible pour répondre aux besoins. » Parmi les idées en cours, la mise en œuvre de projets d’habitat participatif. « Cette expérimentation est un clin d’œil pour une ville qui a beaucoup contribué à l’histoire du logement en France. Roubaix est la ville qui a vu naître ce que l’on nommait à l’époque les habitations bon marché, devenues les HLM, et le 1 % logement », rappelle le maire, fier que sa ville retrouve son rôle de pionnier.

Blandine Klaas

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Question :
Un maire, donc OPJ, peut-il l’être en dehors de sa commune ?
Réponses :
Non, il est élu OPJ sur sa commune.
Tous les pouvoirs du Maire en tant que représentant de l'Etat ne lui sont octroyés que sur son territoire.
Non uniquement dans la commune où il est élu maire.

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