La loi du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte a fixé le cap. D'ici 2025 le traitement des déchets alimentaires sera obligatoire. Charge aux collectivités de proposer des solutions de proximité de tri à la source en vue d'assurer leur valorisation.
Environ 30 %. C'est la quantité de déchets alimentaires contenue dans nos poubelles. « C'est un flux qui peut faire l'objet d'une valorisation matière et/ou énergétique, et d'un retour au sol plutôt qu'être dirigé vers le stockage ou l'incinération », estime Chloé Mahé, en charge du suivi des collectes séparées de déchets alimentaires au sein du Service mobilisation et valorisation des déchets (SMVD) de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe). Le retour au sol permet de contribuer à la lutte contre l'appauvrissement de celui-ci, tandis que la méthanisation permet d'alimenter en biogaz les réseaux de gaz naturel ou les systèmes de chauffage. « D'où l'importance de trier et gérer les déchets alimentaires séparément du reste des déchets », souligne Laura Chatel, responsable du plaidoyer de l'association Zero Waste France. La mise en place d'une stratégie s'impose avec un état des lieux, en amont, pour déterminer les solutions les plus adaptées aux spécificités du territoire. Il s'agit d'identifier le gisement, identifier les débouchés et évaluer les coûts du service public. Une étude technicoéconomique de l'Ademe sur les coûts d'une collecte séparée des biodéchets, parue en 2018, les estime à une vingtaine d'euros par habitant. Pour réduire la note, mieux vaut en produire le moins possible en limitant le gaspillage alimentaire et en organisant, à l'attention des producteurs de ces déchets, des actions de sensibilisation.
©Adobe Stock
COMPOSTAGE ET COLLECTE EN PORTE À PORTE POUR LES PARTICULIERS
Ce sont chaque année 1,3 million de tonnes de nourriture qui sont purement et simplement gaspillées dans les foyers français. D'ici à 2025, chacun d'entre eux disposera d'une solution de tri, afin que les déchets alimentaires puissent être valorisés. « Le compostage individuel, le compostage collectif et la collecte en porte à porte ou en apport volontaire constituent des solutions permettant de répondre à l'objectif réglementaire de détourner les déchets alimentaires des ordures ménagères résiduelles », explique Chloé Mahé, de l'Ademe. Pour des questions pratiques, il est plus simple d'encourager le compostage individuel dans les territoires ruraux, tandis que dans les zones urbaines, se développent des sites de compostage de proximité ou bien des collectes séparées des déchets organiques. L'implication de la collectivité est cependant nécessaire pour généraliser ces solutions à l'échelle d'un territoire comme à Grenoble (38), où la Métropole va généraliser la collecte des déchets alimentaires dès mars 2019. Avec 18000 t produites chaque année, soit environ 60 kg par habitant, le calcul est vite fait: cette matière inexploitée aujourd'hui pourrait recouvrir les besoins en énergie de 700 logements de 100 m2, ou alimenter en carburant des bus et des bennes à ordures ménagères. Une manne qu'il s'agit désormais de récupérer pour la valoriser. Ce dispositif est complété par la valorisation du compostage à domicile. Pour les élus, composter ses déchets alimentaires sur place reste la solution la plus écologique et économique, puisqu'elle n'entraîne aucun frais, ni pollution liée au transport. La Métropole souhaite donc renforcer le compostage individuel, mais aussi le compostage en mode « collectif », dans les copropriétés, les établissements scolaires, les résidences pour personnes âgées, etc.
©Adobe Stock
LES PROFESSIONNELS SOMMÉS DE RÉPONDRE À LEURS OBLIGATIONS
Il ne viendrait à l'idée d'aucun restaurant de transiger sur les règles d'hygiène. Il doit en être de même concernant le tri des déchets », déclarait fin janvier la secrétaire d'État auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire, Brune Poirson, à l'attention des patrons de la restauration rapide. Constatant de graves manquements à leurs obligations, elle n'a pas hésité à les convoquer pour leur rappeler leurs obligations en matière de gestion des déchets. Un enjeu majeur pour ce secteur qui génère à lui seul plus de 60 000 t de déchets alimentaires. D'une manière générale, tous les producteurs de plus de 10 t de déchets alimentaires annuels, généralement des restaurateurs, doivent s'acquitter de cette obligation. En restauration, les déchets de cuisine et de table (DCT) constituent la majorité du gisement de biodéchets. L'Ademe estime, dans une étude publiée en août 2016, qu'en restauration collective les pertes et gaspillages représentent 78 % des biodéchets et que 17 % des aliments préparés sont perdus. Ce constat a conduit l'Agence à rédiger une synthèse réglementaire (disponible sur le site www.gecofoodservice.com) pour éclairer les professionnels sur le contexte réglementaire relatif à la gestion des biodéchets issus de la restauration. Le document revient sur les principaux éléments réglementaires, les différents modes de gestion des biodéchets et de collecte.
©Adobe Stock
LES RESTAURANTS COLLECTIFS RÉDUISENT LE GASPILLAGE ALIMENTAIRE
, DONC LES DÉCHETS
La restauration collective sert chaque année 3,4 milliards de repas via différents établissements. Une analyse menée par l'Ademe permet d'identifier la quantité de nourriture gaspillée qui s'échelonne de 100 à 170 g par personne et par repas selon les différents types d'établissements, ce qui correspond à près de 44 kg jetés en moyenne par service dans un établissement scolaire. Donc, autant de déchets générés qui auraient pu être évités grâce à des mesures de lutte contre le gaspillage alimentaire. Ajuster les quantités à l'appétit des convives, et adapter les menus et organiser des pesées à l'issue des repas, ont permis à Amiens Métropole (80) de réduire drastiquement la quantité de biodéchets produits. Quelque 72 t ont été comptabilisées en 2018 contre 168 t en 2017. Soit un coût de traitement de 451 000 € contre 650 000 € en 2017. Ces progrès permettent par la même occasion une économie de 94 000 € annuels sur les denrées achetées par la cuisine centrale. De son côté, Metz Métropole (57) a trouvé la parade pour inciter les professionnels publics et privés à limiter les quantités de déchets produites : une redevance spéciale est appliquée. Depuis le 1er janvier 2016, sont concernés les établissements qui produisent plus de 8 000 l hebdomadaires. Donc les collèges et les lycées qui paient désormais en fonction des quantités de déchets à collecter. Une véritable incitation à réduire le volume des déchets d'une part et les trier d'autre part. L'occasion également de lancer des opérations de sensibilisation auprès des élèves.
À RETENIR
2025 date à laquelle l'obligation de tri des biodéchets sera généralisée.
29 KG/AN c'est la quantité de nourriture jetée en moyenne par habitant.
600 installations de compostage traitent environ 7 millions de tonnes de déchets.
Source : Ademe
Pages réalisées par Blandine Klaas
Inscrivez-vous dès maintenant sur le groupe Facebook Paroles de Maires pour obtenir des informations quotidiennes sur l'actualité de vos missions.