DOSSIER AGRICULTURE - ROMAINVILLE DEVIENT LA VITRINE FRANÇAISE DE L’AGRICULTURE URBAINE

Dossier
07 juin 2019

DÉCOUVERTE. Deux bâtiments de verre de plusieurs étages forment la « cité maraîchère », où seront produites, chaque année, 12 t de fruits et légumes, 4 t de champignons, des fleurs ou encore des semences sur une surface de 1000 m2. De quoi nourrir 200 familles, mais aussi approvisionner des restaurateurs.

C’est à Romainville (93), une municipalité située à l’est de Paris, que la première cité maraîchère de France est sortie de terre, surplombant le quartier Marcel-Cachin.« Voilà des années que nous souhaitions développer une nouvelle filière économique en lien avec le développement durable, en mettant l’accent sur le bol alimentaire. Réintroduire de l’activité maraîchère dans cette commune qui fut longtemps le jardin vivrier de la capitale prend tout son sens », confie Corinne Valls, maire de la commune. Un projet inédit en France.
« Lorsque l’on parle d’agriculture urbaine, on pense à des jardins partagés ou des expériences sur le toit. Notre projet est tout autre. Il n’y a pas d’équivalent en France, nous avons même dû in- venter le modèle économique! », poursuit l’élue. Folie des grandeurs? Pour le coup, elle avoue avoir essuyé, « quelques soufflets » depuis le lancement du projet, en 2011. Mais Madame le maire est pu- gnace. Alors dans cette ferme verticale divisée en deux bâtiments de 14 et 26 m de haut, c’est pas moins de 4 t de champignons et 12 t de fruits, lé- gumes et fleurs, soit la consommation annuelle de 200 familles, qui seront cultivées chaque année, avec un rêve, pouvoir approvisionner les athlètes des prochains jeux Olympiques.

LES BÂTIMENTS INNOVANTS
Imaginée par les architectes parisiens Ilimégo et Secousses, la cité située en plein cœur d’un quartier d’habitat social, qui poursuit sa mue dans le cadre de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru), est un véritable laboratoire vivant et inno- vant pour cultiver la ville de demain.
D’un point de vue architectural, le bâtiment est dédoublé afin d’optimiser le linéaire de façade. La plus haute tour se calque sur la hauteur de l’immeuble de logements voisins et la seconde, plus basse, se rapproche du gabarit de la maison de retraite à proximité. « La Cité maraîchère a été conçue pour favoriser l’activité agricole. Les volumes et matériaux ont été pensés pour maximiser l’apport de lumière naturelle, les aménagements intérieurs facilitent les déplacements et de nombreux locaux techniques et salles de stockage ont été aménagés », décrit Corinne Valls. Le bâtiment a également été pensé pour une production écologique: ventilation naturelle, récupération des eaux de pluie et utilisation du compost.
Cette cité maraîchère s’articulera autour de trois axes. Tout d’abord, une exploitation maraîchère: la tour produira des fruits et légumes, des champignons en sous-sol, des fleurs comestibles, des plants et semences qui pousseront dans des bacs de culture sur substrat organique qui sont des uni- tés de production hors-sol. « Ce type de culture est actuellement mis en place dans des structures de fermes sur les toits comme à la ferme de Brooklyn Grange, à New York », explique l’élue.
Le bâtiment sera aussi un centre de ressources pour sensibiliser le grand public à l’agriculture urbaine. Car le lieu abritera un centre de sensibilisation et de formation à l’agriculture urbaine. Enfin, des espaces de restauration et d’événementiel viendront compléter la structure. Un endroit ouvert, où les habitants, maraîchers, chercheurs et publics scolaires se retrouveront. Un lieu bien à eux pour échanger qui sera la vitrine de l’agriculture périurbaine d’Ile- de-France en proposant des produits locaux et des services au pied de l’édifice. « Le tout dans une gestion centrée sur les valeurs de l’économie sociale et solidaire », décrit le maire par ailleurs vice- présidente du département de Seine-Saint-Denis. Car la mission n’est pas seulement de faire pousser des fruits et légumes, mais bien de créer une nouvelle activité et créer ainsi une dizaine d’emplois.« De préférence des personnes en insertion. »

UN PROJET D’ENVERGURE
« Ce maraîchage en ville a été le fruit d’un long combat », se souvient Corinne Valls. Car il lui aura fallu trouver 5 M€ pour boucler le tour de table. « La région fi- nance pour 1 M€ au titre des 100 quartiers innovants et écologiques; le département et le Grand Paris Express participent respectivement à hauteur de 250000 € et 100000 €. Quant à l’État, c’est 1 M€ qu’il a mis sur la table. L’autre moitié relève des financements privés, notamment de promoteurs. »
Sur la viabilité économique à long terme du projet, le maire de Romainville assure que le compte y sera : « C’est la vente des produits cultivés qui permettra des rentrées financières: l’idée est aussi d’avoir des éléments à valeur ajoutée, par exemple des légumes anciens. La vente se fera auprès de restaurateurs ou des institutions, mais aussi des habitants. » Autre source de recettes : des salles à vocation pédagogique qui pourront accueillir des sémi- naires. Fort d’un conseil scientifique constitué d’élus et d’experts, Romainville ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Dans la cité Gagarine, un autre quartier d’habitat social de la ville, c’est la construction d’un verger qui mobilise la ville en ce moment. Mais cette fois, en pleine terre.

Danièle Licata

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Question :
Un maire, donc OPJ, peut-il l’être en dehors de sa commune ?
Réponses :
Non, il est élu OPJ sur sa commune.
Tous les pouvoirs du Maire en tant que représentant de l'Etat ne lui sont octroyés que sur son territoire.
Non uniquement dans la commune où il est élu maire.

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