DOSSIER AGRICULTURE - MATÉRIAUX BIOSOURCÉS: DU CHAMP AU BÂTIMENT

Dossier
07 juin 2019

La transition énergétique et écologique, ainsi que la dynamique du secteur du bâtiment dans la région francilienne, sont de formidables opportunités pour les agriculteurs de diversifier leurs revenus. En effet, avec la production de matériaux dits « biosourcés », c’est aujourd’hui l’agriculture qui fournit les ressources nécessaires à la construction de villes plus durables. Et reprend sa place au cœur des usages territoriaux.

Quatre filières d’origine agricole sont implantées dans la région: la filière chanvre, la filière lin, la filière paille et la filière miscanthus. « C’est une manière de trouver de nouvelles voies de valorisation pour des agriculteurs, ce qui est intéressant en cette période de crise agricole, de revaloriser leur métier et faire en sorte de recréer du lien entre l’agriculture et la ville », estime Thomas Hemmerdinger, chargé de mission énergie à l’Institut d’aménagement et d’urbanisme de la région Île-de-France (IAU îdF). L’intérêt pour les matériaux biosourcés n’est pas nouveau. Cela fait près de dix ans que la région s’y intéresse en raison de leurs performances environnementales, notamment en matière de stockage de carbone et énergétiques. Par ailleurs, leur culture offre des avantages agronomiques reconnus en termes de réduction des intrants, d’amélioration de la structure des sols, ou du faible besoin d’irrigation et de produits phytosanitaires pour ne citer que ceux-là. Pour Guillaume Derombise, chef de projet structuration et développe- ment des filières de matériaux de construction biosourcés à la région Ile-de-France, « ces matériaux contri- buent au développement économique local, le chanvre notamment, avec près de 2000 ha cultivés et un marché de la construction qui se développe ».

LES FILIÈRES SE STRUCTURENT
Déjà, en 2012, l’état des lieux sur les filières de matériaux de construction biosourcés, réalisé par le département énergie et climat de l’IAU îdF, indiquait que le territoire de la région présentait des perspectives prometteuses pour le développement des matériaux de construction biosourcés. La récente montée des préoccupations en- vironnementales a largement contribué à cette évolution. Aujourd’hui, l’Île-de-France, avec ses bassins de produc- tion agricole de chanvre et grâce à des initiatives agro- industrielles déjà concrétisées – la région constitue un territoire pilote dans le cadre d’un projet de re- cherche de 30 M€ sur le miscanthus (« Biomass For the Future ») –, s’inscrit parmi les régions susceptibles d’assurer une production d’écomatériaux pour une consommation et une utilisation locale. Car il s’agit aussi de trouver des matériaux plus près et plus disponibles pour remplacer les ressources du territoire qui s’amenuisent, à l’instar du sable, dont la surexploitation, inquiète aujourd’hui les spécialistes.

DES STRATÉGIES SE METTENT EN PLACE
Pour soutenir le développement de ces filières d’avenir, la région Île-de-France votait, le 23 novembre dernier, une stratégie régionale pour l’essor des matériaux biosourcés, dans le cadre de sa nouvelle stratégie pour l’agriculture 2019- 2021. Cette stratégie s’inscrit dans le cadre du Pacte agricole et dans le prolongement de la stratégie régionale énergie-climat d’Île- de-France, votée en juillet dernier, et de la stratégie régionale pour la forêt et le bois, votée en novembre 2017. Au programme, des mesures pour la diversification des ac- tivités agricoles et l’augmentation du re- venu des agriculteurs, la structuration et le développement des filières franciliennes ou encore la stimulation des marchés par la commande publique.
Il est, en effet, nécessaire de rapprocher l’offre de la demande rappelle Hervé Billet, vice-président de la chambre régionale d’agriculture, car « il ne sert à rien de mettre des cultures en production si les marchés n’existent pas. Inversement, il ne sert à rien de proposer des solutions dans les marchés si la production n’est pas au rendez-vous ». Ensemble, avec Christine Leconte, présidente du Conseil régional de l’Ordre des architectes d’Ile-de-France, ils ont œuvré à la création, en septembre 2018, du premier comité de liaison des matériaux biosourcés. « Pour que ces matériaux puissent émerger, il faut que l’ensemble de la filière se mette en marche. Le producteur et le prescripteur doivent monter en compétence en même temps, avec toutes les interprofessions », explique Christine Leconte. L’objectif de ce comité est clair. Il s’agit de sensibiliser les pouvoirs publics, la maîtrise d’ouvrage, les acteurs de la construction et les accompagner pour intégrer ces matériaux et solutions constructives dans les projets d’équipements publics, tertiaires et d’habitat.
Pour mobiliser les élus franciliens, maîtres d’ouvrage, fin 2019, la région organise un sommet mondial des ma- tériaux biosourcés auquel seront conviés des territoires du monde entier. Pour l’heure, un recensement des constructions en matériaux biosourcés en Île-de-France est en cours avec l’idée de publier une cartographie interactive des constructions. Un travail réalisé en partenariat avec de nombreux acteurs, à l’instar du Collect’IF Paille, l’Ordre des architectes ou encore Planète Chanvre impliqués dans la filière.

Blandine Klaas

Paroles de maires

RCL
Question :
Un maire, donc OPJ, peut-il l’être en dehors de sa commune ?
Réponses :
Non, il est élu OPJ sur sa commune.
Tous les pouvoirs du Maire en tant que représentant de l'Etat ne lui sont octroyés que sur son territoire.
Non uniquement dans la commune où il est élu maire.

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